Vous avez des soucis ?... Trouvons ensemble la solution !
Benjamin Morel Brossart・ Coaching du lien affectif et de la relation
15 ans d'expérience, plus de 500 clients - Diplômé en "Coaching personnel" ・Paris VIII ・ 2006
PROBLÉMATIQUES LES PLUS FRÉQUENTES
SUR LESQUELLES J'AIDE MES CLIENTS
- Stress professionnel
- Problème lié au célibat / au couple
- Manque d'assurance, affirmation de soi
- Conflit familial, conflit parent-ado
- Lassitude, déprime, démotivation
- Prise de décision
- Stress professionnel
- Conflit avec sa hiérarchie, ses collègues
- Perfectionnisme, burn-out
- Manque de reconnaissance, harcèlement
- Difficulté à exprimer ses besoins
- Intuition de ne pas être à la bonne place
- Problème lié au célibat / au couple
- Célibat
- Poids de la solitude
- Indécision entre désir de couple et liberté, indépendance
- Difficulté à rencontrer la bonne personne
- Couple
- Difficulté à communiquer, se comprendre, partager
- Perte de désir, gestion des émotions (colère, frustration)
- Stop ou encore ? Séparation, sauvegarde de la relation
- Manque d'assurance, affirmation de soi
- Difficulté à identifier ses désirs et besoins
- Manque de confiance en soi dans son rapport à l'autre
- Sentiment de ne pas être capable, à la hauteur
- Conflit familial, parent-ado
- Problèmes familiaux
- Difficulté à communiquer, être proche (frustration)
- Différends, rancoeur, jalousie
- Dépendance, chantage affectif
- Relation parent-ado
- Incompréhension mutuelle, difficulté de communication, conflit
- Inquiétude, désarroi, attentes
- Lâcher prise
- Relation ado-parent
- Colère, frustration, manque d'autonomie
- Sentiment de ne pas être écouté, compris
- Jardin secret (amour, sexualité, expériences nouvelles)
- Lassitude, déprime, démotivation
- Sentiment de vide, de passer à côté de sa vie
- Epuisement, honte, culpabilité
- Deuil, chômage, rupture, accident de la vie
- Prise de décision
- Tergiversations, procrastination
- Difficulté à s'engager
- Manque de clarté, désirs flous, objectifs confus
Déontologie et formation
Le coach s'astreint au respect scrupuleux des principes suivants :
- Confidentialité (il est tenu au secret professionnel)
- Il s'engage pleinement pour la réussite de son client
- Il respecte ses croyances et opinions sans jugement
- Il veille à ne pas réveiller de souffrance trop vive et à mettre en lumière les progrès réalisés
- Il se prémunit de toute manipulation, tentative de domination ou séduction
Benjamin Brossart a reçu l'enseignement de professionnels éminents.
Parmi eux :
- Vincent Lenhardt : Dr en psychologie, fondateur de Transformance, précurseur du coaching en France; Analyse Transactionnelle - "Les responsables porteurs de sens" (Insep Consulting)...
- Françoise Kourilsky : docteur en psychologie, Sciences-Po; systémie et constructivisme - "Du désir au plaisir de changer" (Dunod)...
- Olivier Devillard : psychosociologue, cofondateur de la SF Coach, consultant en entreprise - "Coacher" (Dunod)...
- Jean-Jacques Wittezaele : psychothérapeute, directeur de l'Institut Grégory Bateson; Ecole de Palo Alto - "L'homme relationnel" (Seuil)...
- François Balta : psychiatre, psychothérapeute; thérapies familiales et pratiques systémiques - "La systémique avec les mots de tous les jours" (ESF)...
A qui s'adresse le coaching ?
Le
coaching s'adresse à toute personne consciente de ses
difficultés (dans le domaine personnel, professionnel ou relationnel)
qui souhaite se faire accompagner, de manière concrête et efficace, au plus près de ses besoins et valeurs.
Comment ça fonctionne ?
Pour pouvoir s'ouvrir à soi, se retrouver, accéder à ses valeurs et besoins, il est nécessaire de se sentir écouté, accepté et compris. Le coach adopte la posture d'écoute empathique, de non-jugement, de respect inconditionnel; et pose sur son client un regard bienveillant.
Parce que nous avons tous un rapport subjectif au réel, il nous est parfois difficile de prendre le juste recul sur "ce qui ne va pas". Seul, il est bien souvent impossible de prendre cette distance nécessaire.
Le coach va travailler au plus près des besoins de son client, de la perception qu'il a de son problème. Il va explorer les raisons pour lesquelles celui-ci s'est mis en place, pour en démonter le mécanisme et saisir les enjeux qu'il recèle, afin de pouvoir dégager les solutions adaptées.
Ce travail redonne confiance et énergie, en cela qu'il permet de constater les progrès réalisés à chaque séance, et d'avoir une vision claire de l'objectif à atteindre.
Mémoire Universitaire : "La qualité relationnelle dans le processus de changement"
LE CENTRE DE FORMATION PERMANENTE DE L’UNIVERSITÉ PARIS 8 ET LE CENTRE UNIVERSITAIRE DE THÉRAPIE FAMILIALE
DESU DE COACHING PERSONNEL
LA QUALITÉ RELATIONNELLE DANS LE PROCESSUS DE CHANGEMENT
Soutenu par Benjamin M. BROSSART
Sous la direction de Francis Colnot, coordinateur pédagogique,
et Florence Vitry, formateur référent
INTRODUCTION
Dans notre société de plus en plus ouverte sur le monde, où les valeurs économiques l’emportent peu à peu sur les valeurs idéologiques, l’Homme moderne a de plus en plus de difficultés à trouver un sens à sa vie et à construire ou maintenir son identité. Les repères traditionnels (famille, religion, appartenance à une communauté) ayant volé en éclat, l’individu se retrouve face à lui-même, contraint de s’adapter à un monde en perpétuelle évolution, et à une redéfinition de son espace-temps (mobilité géographique ; incertitude de l’avenir, conditionné par les choix du présent). Inféodé à l’individualisme triomphant, il est devenu le maillon d’un système global, ne pouvant se reconnaître qu’au travers du prisme d’un inconscient collectif dogmatique, qui exige une dissociation critique de soi : il est jugé non plus pour ce qu’il est, mais pour ce qu’il doit être. Réussir sa vie est devenu un impératif, plus quantitatif que qualitatif. Il faut donner l’image du gagnant, dans tous les domaines de la vie : sur le plan personnel, il faut sans cesse aller de l’avant, s’améliorer, dépasser ses limites pour pouvoir se réaliser ; sur le plan professionnel, gagner plus d’argent, sésame de la société de consommation et d’un bonheur lié au sentiment de sécurité ; dans le domaine social, asseoir une position conforme à des modèles valorisants ; sur le plan affectif, être le partenaire idéal, capable d’apporter des preuves d’amour et de prodiguer la meilleure éducation aux enfants ; enfin, sur le plan des relations, être à l’écoute de l’autre, savoir combler ses attentes et ses besoins.
Face à une telle pression, l’individu ne sait plus toujours très bien qui il est ni où il va. Il en vient parfois à confondre ces exigences sociales avec ses propres besoins, et perd le contact avec son identité. Si « nous nous construisons et évoluons au travers des relations que nous établissons avec les autres » 1, il est nécessaire que cette relation soit de qualité. Or, l’affaiblissement du lien social – consacré, hier, par l’avènement de la télévision et, plus récemment, par la place faite aux nouvelles technologies de l’information et de la communication – a renvoyé l’individu face à une solitude et une insécurité ontologiques.
Dans ce contexte, le coaching centré sur la personne apparaît comme une volonté de recréer du lien social et de « mettre en phase les objectifs personnels et les aspirations fondamentales de l’individu » 2. Par l’établissement d’une interaction de haute qualité, le coach va permettre à son client de se reconnaître, de l’aider à trouver du sens et des repères pour construire son identité.
1. KOURILSKY, F (2004) Du Désir au Plaisir de Changer, éditions Dunod, p 102.
2. MORAL, M et ANGEL, P (2006) Coaching Outils et pratiques, éditions Armand Colin, p 13.
I – Besoins , croyances et valeurs
Derrière la demande manifeste amenée par le client se cache souvent une demande implicite, liée à la reconnaissance de ses besoins. Le psychologue humaniste Abraham Maslow (1908-1970) fait la distinction entre deux types de besoins psychologiques 1 : les « besoins psychologiques de base » (être intégré à l’intérieur d’un groupe, être aimé, respecté et reconnu par les autres) et les « besoins de développement » (qui peuvent se traduire par une aspiration à l’accomplissement de soi et à la réalisation de son potentiel). Si « l’homme manifeste une tendance à se réaliser plus complètement dans la plénitude de sa nature » 2, il doit avant tout s’être constitué une identité stable, socialement acceptable et acceptée. Bien que nos sensations et émotions nous renseignent en permanence sur la manière dont nos besoins sont satisfaits ou non, nous avons appris qu’être fort, dans notre société, passe avant tout par la maîtrise du corps par l’esprit. Le coaching va aider la personne à accéder a ses besoins.Robert Dilts nous ouvre une autre perspective de compréhension de l’humain. Il distingue 7 « niveaux logiques de la pensée » 3, qui sont autant de niveaux où peut se situer le problème :
Au niveau de l’identité :
C’est ici qu’interviennent les « besoins psychologiques de base » de l’individu. Nous avons vu la place que tient l’influence sociale dans leur (non) satisfaction.
Au niveau des croyances :
L’Analyse Transactionnelle a établi une liste de cinq « mots d’ordre » 4 – Sois parfait, Fais plaisir, Essaye plus fort, Sois fort ou Ne montre rien, Dépêche-toi –, qui conditionnent les croyances de l’individu. Ces « messages contraignants » ont été transmis par le Parent 5 (au sens propre – parent ou personne ayant joué un rôle prépondérant dans l’éducation de l’enfant –, ou plus largement social, les médias et la publicité relayant en permanence ce type de messages) à l’Enfant Adapté 6 de l’individu. Celui-ci les a intégré le plus souvent de façon inconsciente. Il s’ensuit que la personne sous l’influence d’un ou plusieurs de ces mots d’ordre va modifier ses attitudes mentales, capacités, comportements.
Au niveau des valeurs :
Bernard Hévin et Jane Turner en dénombrent six, fondamentales : « le pouvoir personnel, l'accomplissement, l'intimité, le jeu et la créativité, la recherche de sens, la compassion et la contribution » 7. Chaque individu a ses propres valeurs, que la société ne permet pas toujours d’exprimer, ou qu’il ne s’autorise pas à exprimer. De plus, les médias véhiculent un certain nombre de valeurs qui peuvent devenir prééminentes sur celles de l’individu.
Le coach va aider la personne à se séparer de ses croyances limitantes, se reconnecter à ses valeurs, et, au-delà, lui permettre d’accéder à ses besoins. Ce n’est qu’alors que l’individu pourra se reconnaître et construire son autonomie.
1. LACROIX, M (2004) Le développement personnel, éditions Flammarion, p 24.
2. MASLOW, A (2001) Vers une psychologie de l’être, éditions Fayard, p 182.
3. EMMENECKER, A-P et RAFAL, S (2004) Coaching mode d’emploi Pour mieux atteindre vos objectifs, éditions Marabout, p 70.4. DE LASSUS, R (2004) L’Analyse Transactionnelle, éditions Marabout, p 131.
5. Idem, p 24.
6. Idem , p 33.
7. HEVIN, B et TURNER, J (2003) Manuel de Coaching, éditions Dunod, p 85.
II – Vers une nouvelle interaction
« On ne peut pas ne pas influencer » nous dit Watzlavick 1. Lorsque deux personnes sont en présence l’une de l’autre, elles vont adopter une attitude qui va influer sur leur comportement. La situation dans laquelle on se retrouve face à l’autre dans un ascenseur ou une salle d’attente, en est un exemple édifiant. Toute relation – en cela qu’elle implique le déplacement de l’attention de soi vers l’autre, pour ensuite revenir à soi, nourri du bénéfice de l’échange (obtention de « strokes » 2 positifs (« caresses ») ou négatifs (« coups psychologiques »), jamais neutres) – modifie donc le comportement, et partant, le ressenti et les pensées qui lui sont associées.
C’est parce que le changement s’accomplit dans l’échange qu’il est nécessaire que celui-ci soit aussi fertile que possible. Le coach va y veiller, en adoptant une posture professionnelle adaptée.
1. WATZLAVICK, P (1980) Le langage du changement, éditions du Seuil, p 19.
2. DE LASSUS, R (2004) L’Analyse Transactionnelle, éditions Marabout, p 83.
1. La posture du coach
1.1 Humilité
En dépit de son expérience, professionnelle et personnelle, de ses connaissances et compétences, de la maîtrise d’outils divers, le coach doit sans cesse, surtout s’il est débutant, se remettre en question, accepter l’idée qu’il ne sait pas (tout), qu’il est avant tout humain et donc imparfait et faillible. Lorsqu’il rencontre son client, le coach prend le risque d’entrer dans un monde complètement inconnu. A aucun moment, il ne pourra s’appuyer sur des certitudes et devra s’abstenir de la tentation de faire entrer son client dans des catégories aussi rassurantes que limitantes, car « aucune théorie ne peut en effet échapper à l'analyse de ce que mobilise la relation entre deux êtres humains » 1. Dégagé de l’utopie de connaître son client, il peut à tout le moins chercher à le reconnaître. Comme le premier outil du coaching, c’est le coach, celui-ci va devoir être particulièrement attentif à maintenir une relation aidante. Car « la personne est toujours plus importante que les objectifs » 2.
1. MORAL, M et ANGEL, P (2006) Coaching Outils et pratiques, éditions Armand Colin, p 98.
2. Idem, p 68.
1.2 Acceptation inconditionnelle
Faire appel à un coach pour résoudre ses propres problèmes relève d’une véritable démarche, le plus souvent guidée par le fait que la personne n’a pas trouvé dans son entourage l’appui qui puisse lui permettre de changer. Elle va accepter de se placer sous l’influence d’un tiers qu’elle ne connaît pas, le temps de la relation, et de s’exposer dans son « intimité psychique ». Pour cela, le coach va devoir gagner sa confiance; en d’autres termes, l’accepter et, surtout, la reconnaître. « C'est au moment où l'on s'accepte et où l'on se sent accepté que l'on est préparé à changer». 1 En effet, lorsqu’un être humain ne se sent pas reconnu dans son identité, il va mettre en place des défenses 2. Il préfère alors se laisser mener par sa vie, plutôt que d’en tenir les rênes. Dépourvu d’objectif, l’individu peut se comporter et agir de manière à obtenir exactement l’inverse de ce qu’il souhaite.
L’acceptation inconditionnelle, ou comme le dit l’humaniste Carl Rogers, « l’attention positive inconditionnelle », suppose que le coach ait foi en son client, le respecte dans son identité, ses choix et ses valeurs. Il doit poser sur lui un regard bienveillant empreint d’humanité. Car la façon de voir l’autre, c’est le pouvoir qu’on lui donne. L’important, ce n’est pas ce que le coach va dire à son client pour qu’il se sente accepté, c’est ce qu’il pense de lui, l’état d’esprit qui sous-tend le discours (si les mots peuvent mentir, le langage du corps ne saurait trahir la pensée). Les attitudes et les sentiments du coach comptent bien plus que son orientation théorique. C’est la manière dont ses attitudes vont être perçues qui importe. La considération dont le coach va gratifier son client va permettre à celui-ci de retrouver une meilleure estime de soi : « me prendre en considération, me sentir important à mes propres yeux, mais également me sentir compétent, à la hauteur, dans le sens où je sens que je peux me débrouiller des problèmes qui se posent à moi, je saurai trouver l’idée ou la ressource qui peut m’aider. Enfin, me donner de la valeur, me sentir bien avec moi-même, m’accepter pour qui je suis » (Monique SELLES, conférence du 4 septembre 2006).
Se sentant considéré, le client va à son tour porter un regard bienveillant sur le coach, signant par là son acceptation du changement.
Vincent Lenhardt propose d’établir une « Alliance des princes » entre le « soi positif » du coach et de son client (conférence du 20 juin 2006); Françoise Kourilsky, quant à elle, suggère d’ « accéder au sixième sens », grâce auquel le coaché va pouvoir s’ouvrir totalement à lui-même et abandonner ses défenses (conférence du 3 avril 2006). La distance étant abolie, enjeux de pouvoir et dépendance vont disparaître.
1. KOURILSKY, F (2004) Du Désir au Plaisir de Changer, éditions Dunod, p 10.
2. MORAL, M et ANGEL, P (2006) Coaching Outils et pratiques, éditions Armand Colin, p 92.Les défenses du Moi : "moyens déployés par la personne afin de maintenir son propre équilibre global, seul ou en relation avec autrui"
1.3 Non jugement
Certaines études ont démontré que « la grande majorité des occidentaux passent plus de 50% de leur temps de parole à émettre des jugements, des opinions sur la vie – et surtout – sur les autres ! » 1. Le jugement, en tant que projection sur autrui des sentiments et désirs que l’on refuse de reconnaître en soi, est particulièrement délicat à éviter. Le coach, s’il veut maintenir une relation de confiance et de qualité avec son client, doit s’abstraire de tout jugement et faire preuve de congruence, c’est à dire être conscient de ce qu’il vit et ressent, dans l’instant de la relation, pour qu’aucun sentiment se rapportant à celle-ci ne soit caché à lui-même ou à l’autre. De plus, il doit être attentif à ne jamais confondre le comportement de la personne avec elle-même. Dire d’une personne qu’elle s’est mal comportée n’est pas la même chose que de dire qu’elle est « nulle », pour reprendre un terme actuel. Le coach, lui, cherchera derrière ledit comportement l’intention positive dont il est la conséquence inadaptée. Et rendra à la personne son propre jugement sur elle-même.
1. DE LASSUS, R (2003) La communication efficace par la PNL, éditions Marabout, p 63.
1.4 Compréhension empathique
Paradoxalement, le coach est le seul qui ne veut pas changer son client. Contrairement à la plupart des gens, qui – pour des motifs le plus souvent inconscients ( obéir au mot d’ordre « Fais plaisir », instaurer une dépendance ou raffermir son identité) – ont tôt fait de prodiguer des conseils (« Moi, à ta place je ferais (penserais, me sentirais) comme ça ! »), le coach n’a pas de solution clé en main à proposer. Parce que chaque individu est unique, sa construction de la réalité et son fonctionnement lui sont propres. Le coach va s’efforcer de comprendre (du latin comprehendere, « saisir avec ») la personne, ses attentes et ses besoins, dans une attitude d’empathie. Ainsi, l’affirmatif « Si j’étais à ta place… » devient l’interrogatif « Et si j’étais toi ? ». Car on ne peut comprendre l’autre en partant de son monde à soi. La compréhension empathique va permettre à la personne de devenir plus autonome, lui donner la possibilité d’être vraiment elle-même, en contact et en accord avec ses pensées, ses ressentis et ses comportements. Ainsi, ne pouvant plus avoir d’enjeu relationnel qu’avec lui-même, le coaché retrouve sa liberté ontologique, sous l’œil protecteur du coach.
1.5 La posture méta
Le coach, s’il adopte une posture empathique vis-à-vis de son client, ne doit pas moins conserver une distance, garante de la qualité de la relation. Effacer la distance reviendrait à prendre en charge, mettre sous dépendance le coaché, à qui seul revient la responsabilité du changement. La posture méta implique également que le coach garde conscience de ce qui se joue au niveau du contenu et du processus.
2. Problèmes interactionnels
Malgré ces précautions, il arrive que la relation de coaching soit perturbée par des problèmes liés au coach, ou à son client.
2.1 Problèmes liés au coach
2.1.1 Appréhension du client et acceptation de la demande
Dans les premiers instants de la rencontre, le coach, comme tout être humain, va éprouver un ressenti, positif ou négatif, envers son client. Si cette première impression est forte, le coach, surtout s’il est débutant, peut être déstabilisé, risquant de ne pas pouvoir instaurer la relation OK+ / OK+ 1 nécessaire au travail de coaching. Si son ressenti est par trop positif, il peut céder à la tentation de créer une dépendance affective ou de projeter son mode de fonctionnement sur l’autre. S’il est négatif, il peut alors « prendre peur », ne pas se sentir à la hauteur, et se positionner en OK- face à l’autre, OK+. Il peut également sentir intuitivement que quelque chose ne va pas, sans être capable de le nommer. Son client peut en effet souffrir d’une pathologie qui risque de n’apparaître que plus tard dans le processus de coaching. En ce cas, il est nécessaire que le coach, conscient des limites de son domaine de compétentes, soit capable de refuser le coaching.
De plus, le coach doit se poser la question de son désir d’accompagner le client. Car il n’est nulle motivation sans désir. Répondre à un impératif (« Il faut accepter », sous-entendu « cette commande ») ne permettra pas d’établir une relation de qualité, et donc, d’aider la personne à avancer.
Au niveau de la demande, le coach peut également être amené à refuser un contrat, et ce pour trois raisons :
Un refus doit être exprimé de façon bienveillante – pour que la personne n’ait pas le sentiment de porter la responsabilité d’un échec – ; dans tous les cas, le coach devra lui apporter une solution substitutive (l’adresser à un confrère, lui proposer une autre option), afin qu’elle ne se sente pas démunie ni abandonnée.
1. DE LASSUS, R (2004) L’Analyse Transactionnelle, éditions Marabout, p 153.
2.1.2. Pouvoir et « fausse conscience professionnelle »
La relation d’aide, surtout lorsqu’elle n’entre pas dans le cadre législatif – ce qui est le cas du coaching – peut donner cours à nombre d’abus. Le coach peut se placer en « pouvoir sur » son client, plutôt qu’en « pouvoir pour », et satisfaire ainsi ses penchants dominateurs. L’accompagnement, socialement valorisé, peut n’être que la face cachée d’un désir de redorer son ego, à travers l’étalage de sa science et de son supposé savoir. Se prendre pour un dieu omniscient ne peut être que l’apanage des gourous ! Le coach devra se conformer à une déontologie professionnelle.
A contrario, le coach peut, guidé par une « fausse conscience professionnelle », vouloir à tout prix le bien de son client. Il va alors devenir sauveteur, et entrer dans une logique quantitative (obtenir rapidement des résultats tangibles) entraînant anxiété, peur d’être inefficace ou de ne pas donner assez. De plus, il peut se réfugier dans l’application aveugle d’une technique, au détriment de la relation.
2.1.3 Désir d’étiqueter le client
La nature humaine a horreur du vide. L’individu construisant son identité dans la relation aux autres, ceux-ci jouent un rôle primordial dans sa représentation du monde. Dès lors, comprendre l’autre, pour se sentir compris en retour, est ce qui permet de gommer le sentiment de vide, que provoque l’altérité. Ne parle-t-on de l’autre comme de son semblable ? Ainsi, l’être humain, pour faire entrer le réel – dont ses cinq sens le renseignent – dans sa représentation du monde, va assimiler l’inconnu au connu. Et faire entrer – rapidement – l’autre dans des catégories préétablies, le privant de sa part de mystère et d’individualité.
Le coach, lui, sait qu’à aucun moment il ne pourra prétendre connaître son client, et lui donner une étiquette, encore moins. Les théories de la personnalité utilisées en coaching (PCM, MBTI, Ennéagramme, notamment) ne doivent pas être considérées par le coach débutant comme palliatif de cette non connaissance ; elles servent de voie privilégiée pour entrer en contact avec le coaché, et nécessitent un long apprentissage.
Ainsi, le coach, dans le processus d’accompagnement, va devoir oublier ses propres représentations – faire le vide en soi, s’ouvrir à l’altérité – pour entrer dans celles de son client. La « Figure de Bohring », autrement appelée « La jeune et la vieille », est une belle métaphore de cette impossibilité de porter deux regards différents sur une même situation et dans le même instant.
2.1.4 Projection, identification et mécanismes contre transférentiels
S’il n’a pas fait un travail suffisant sur lui-même, le coach risque de projeter sur son client ses propres problèmes ou questionnements, de même que ses émotions, désirs, besoins, et autres valeurs et croyances. Il peut aussi s’identifier au coaché, et ne plus être en mesure de l’accompagner.
Comme toute relation d’aide, le coaching suppose l’existence du transfert 1, sous forme de demande implicite (du type « Aime-moi ! » ou au contraire « Laisse-moi me venger sur toi ! »). Le transfert peut donc être positif (en ce cas, le coaché risque de se mettre sous la dépendance du coach, et sortir du processus d’autonomisation) ou négatif (il peut aussi endosser le rôle de persécuteur et saboter la démarche de coaching). Face au transfert de son client, le coach, s’il n’a pas suffisamment mis en lumière son propre fonctionnement psychique à l’aide d’un travail thérapeutique, va être appelé à répondre par des mécanismes contre transférentiels (désir d’emprise, de réparation, pulsion voyeuriste, ou encore ennui, irritation…). Pour ne pas s’y laisser prendre, le coach devra être conscient de ce qui se joue dans l’ici et maintenant de la relation, et adopter une position neutre ou distante ; ou encore pourra métacommuniquer sur son ressenti.
1. MORAL, M et ANGEL, P (2006) Coaching Outils et pratiques, éditions Armand Colin, p 96. "Le transfert est la reproduction dans le présent d'éprouvés liés à une relation passée. Ce phénomène est inconscient et consiste en la reviviscence de sentiments, de craintes, de comportements et de pensées qui ont été vécus au cours de l'enfance avec une personne importante à cette époque".
2.1.5 Limites de la thérapie
Le danger est grand, pour le coach centré sur la personne, d’entrer dans la dimension intrapsychique de son client, et donc de franchir les limites de la thérapie. La question du « pourquoi », la recherche des causes dans le passé, devra être soigneusement évitée (d’autant que comprendre ne permet pas forcément de changer). Elle peut tout au plus permettre au coach d’appréhender la manière dont le coaché a construit son problème.
Il ne faut jamais perdre de vue que :
2.2 Problèmes liés au client
2.2.1 Non demande et demande irréaliste
Le coaching présuppose toujours l’existence d’une demande, fût-elle floue ou informulée. Parfois le client n’a pas de demande (sa démarche peut alors servir d’alibi pour ne pas changer) ou celle-ci peut être inexploitable car :
Concernant la demande irréaliste, il me semble intéressant de faire une digression à propos de la quête du bonheur, valeur montante de nos sociétés modernes, qui peut être comparée, métaphoriquement, à celle d’un nouveau Graal, spirituel. « En nous efforçant d’atteindre l’inaccessible, nous rendons impossible ce qui serait réalisable » nous dit Watzlavick 2. Or, que faire lorsque le client arrive avec pour demande « Je veux être (plus) heureux » ? Car, qu’est-ce que le bonheur ? Est-ce quantifiable ? Mesurable ? Une récente étude américaine 3 a apporté une réponse à cette question : le bonheur, c’est d’avoir plus (de biens, de santé, une meilleure profession, etc.) que son voisin. Ainsi, qu’il soit état de plénitude ou effet de comparaison, il ne saurait permettre de définir un objectif 4.
1. HEVIN, B et TURNER, J (2003) Manuel de Coaching, éditions Dunod, p 34.
2. KOURILSKY, F (2004) Du Désir au Plaisir de Changer, éditions Dunod, p 30.
3. Parue dans « Le Monde » en 2005.
4. Dans le second cas, ce ne peut être qu’un objectif de moyen.
2.2.2 La peur du changement
Aller d’une situation problématique vers une situation désirée suppose d’avoir défini un objectif, uniquement pour soi, et pris la décision de se lancer dans l’action, c’est à dire le changement. Mais quel changement ? Celui de nos représentations (croyances), de nos repères (valeurs), de nos habitudes (comportements). Autrement dit, de notre identité. Cela implique de sortir de sa « zone de confort » pour aller vers un inconnu dont rien ne garantit qu’il soit meilleur. La question qui se pose alors n’est pas tant celle du « pourquoi » que du « pour quoi ». Le changement attire autant qu’il fait peur ; la nature humaine y pousse l’individu autant qu’il y résiste. Besoin de découverte et de confort s’affrontent en frères ennemis. « Plus de recherche identitaire, c’est moins de sécurité » nous rappelle Bernard Hévin (conférence du 3 juillet 2006). Il faut accepter d’abandonner au passé ce qui n’est plus utile au présent, d’être déstabilisé pour pouvoir aller de l’avant, de rompre un équilibre durement acquis.
Ainsi, s’engager dans le changement est un acte de courage et de volonté. Comme le coaching n’est pas de la thérapie ( il n’a pas pour objet de guérir les personnes en souffrance), on peut se demander
ce qui peut pousser la personne à un tel acte. Sans doute est-ce le fait que les bénéfices secondaires liés à la situation vécue par la personne ne parviennent pas à suppléer à l’insatisfaction de ses propres besoins.
Malgré cela, le coaché, bien souvent, va essayer de faire l’économie du changement, ou tout au moins lui opposer des résistances : d’ordre comportemental (arriver systématiquement en retard, ivre, ne pas vouloir payer) ou psychique (refus du processus : position basse stratégique (faire semblant de coopérer), évitement des questions difficiles, réponses à côté) 1.
Dans ce cas, le coach devra se demander si son client veut vraiment changer, métacommuniquer – demander « Que puis-je faire pour vous ? » – et rétablir la sécurité de son client, dans l’ici et maintenant de la relation.
1. Le coach devra également être attentif aux défenses du moi du coaché : humour, auto observation, intellectualisation, dépréciation, déni, rationalisation (voir CHABROL, H et CALLAHAN, S (2004) Mécanismes de défense et coping, éditions Dunod).
2.2.3 Triangle de Karpman, Jeux psychologiques
a) Triangle de Karpman : victime – persécuteur – sauveteur
Selon Bernard Hévin, « 70% des personnes commencent le coaching dans la plainte » (conférence du 3 juillet 2006). Elles se posent alors en victime, incitant le coach à prendre la position de sauveteur. Si celui-ci répond positivement, le coaché peut à son tour devenir persécuteur.
b) Jeux psychologiques et comportements
Eric Berne, fondateur de l’Analyse Transactionnelle, a dressé la liste d’un certain nombre de « Jeux psychologiques » 1 permettant à la personne qui s’y livre d’endosser le rôle de Victime, Persécuteur ou Sauveteur. Certains d’entre eux peuvent être exploités par le client dans la relation de coaching : « C’est affreux », « Les défauts », « Oui, mais », « L’imbécile » ou « La jambe de bois », par exemple.
L’enjeu du coaching étant dans la qualité interactionnelle, il est nécessaire que le coach conserve sa posture méta et s’abstienne de rentrer dans un Jeu psychologique avec son client.
1. Cités dans : BERNE, E (2005) Des jeux et des hommes, éditions Stock.
III – Le changement dans l’interaction
1. Le savoir être du coach dans la relation
1.1 La synchronisation
La synchronisation est un « mécanisme naturel que tout être humain met en œuvre inconsciemment lorsqu’il éprouve dans sa relation avec l’autre suffisamment de confiance et d’estime » 1. Il va ainsi s’accorder sur le rythme, la voix, la posture et la gestuelle de son interlocuteur, par un phénomène de mimétisme.
Lors du premier entretien, coach et coaché sont étrangers l’un à l’autre. L’altérité peut être vécue comme une menace ; l’inconnu, comme un danger. Pour Nicholas Boothmann, « Tout se joue en moins de deux minutes » 2. C’est dire l’importance de poser tout de suite les bases d’une confiance propre à créer les conditions d’une relation féconde. La synchronisation va permettre au coach de se rendre proche de son client, lui donner l’impression de l’accepter et de le reconnaître.
A la synchronisation non verbale décrite ci-dessus, le coach va apporter une autre dimension, celle du langage. Il va – rapidement – chercher à connaître le système préférentiel de son client 3 (Visuel, Auditif, Kinesthésique), en repérant les prédicats de son discours. Si le coaché utilise plus fréquemment des verbes, noms, adjectifs comme :
A mon sens, la synchronisation, verbale comme non verbale, si elle est nécessaire, n’est pas suffisante pour établir le lien. Le coach va également devoir se synchroniser sur la dimension émotionnelle du coaché : calibrer ses micro-comportements et manifestations physiques (rougissement, changement de rythme interne, etc.) qui, tous, révèlent que quelque chose est en train de se passer dans son esprit.
Rappelons que certaines études ont démontré que l’accompagnement gestuel représente 55% de la communication d’un individu. Joseph Messinger, psychologue et spécialiste de la symbolique gestuelle, a tenté de décrypter le langage du corps. Ainsi, pour lui, « l’action de croiser les doigts, les jambes, les bras traduit un besoin de se protéger contre ses angoisses ou celles des autres » 4. Le coach, s’il est sensible à ce type d’argument, devra néanmoins veiller à ne pas tirer de conclusions trop rapides, à établir des liens entre telle attitude gestuelle et telle émotion exprimée, et surtout métacommuniquer sur ce qui ne peut être qu’une hypothèse.
Ce type de synchronisation va permettre à la personne de se sentir reconnue sur le plan émotionnel. Le coach va pouvoir se servir des émotions ressenties par son client pour le guider dans sa recherche, mais en aucun cas il ne doit se laisser submerger par elles. L’empathie suppose toujours le maintien d’une distance.
1. KOURILSKY, F (2004) Du Désir au Plaisir de Changer, éditions Dunod, p 114.
2. BOOTHMANN, N (2005) Tout se joue en moins de deux minutes, éditions Marabout.
3. Concept issu de la PNL.
4. MESSINGER, J (2001) Ces gestes qui vous trahissent, First Editions, p 103.
1.2 Le regard et la voix
Regarder l’autre, c’est entrer en contact avec lui, le faire exister à ses yeux 1 , lui donner sa place. Le coach va devoir maintenir le regard dans la relation pour assurer la sécurité de son client (sous-entendu « Je suis avec vous, vous pouvez vous laisser aller à être vous-même »). Néanmoins, un regard qui serait trop appuyé pourrait sembler inquisiteur et déstabiliser la personne se sentant mise à nue. Le coach devrait alors détourner les yeux, faisant mine de réfléchir, par exemple.
Regarder, c’est aussi communiquer. Un regard peut remplir différents offices : amener l’autre à s’exprimer et à approfondir sa pensée, lui faire part de son écoute et de sa considération, valider la compréhension du message, manifester de l’étonnement ou de l’amusement. Il me semble intéressant de privilégier à certains moments le regard au discours, car il renforce la connivence (« On n’a pas besoin de se parler pour se comprendre ») et agit au niveau émotionnel, créant ainsi les conditions d’un changement plus aisé.
La voix, elle aussi, va être une porte d’entrée à l’émotion. Le coaching est un art de l’influence dont un des ressorts est de permettre à la personne d’accéder à ses ressources et de répondre à ses questionnements. La voix va contribuer à créer un climat apaisant, éveiller l’attention du coaché, libérer sa créativité et favoriser son affirmation de soi. Le coach doit avoir conscience du processus émotionnel qu’il crée et en garder le contrôle.
1. A ceux de celui qui regarde et de celui qui est regardé.
1.3 L’écoute
« L’ouie est un sens, alors que l’écoute est un art » 1. Dans la vie, bien souvent, on n’écoute l’autre que pour pouvoir exprimer ses idées et opinions en retour.
Pour le coach, l’écoute va remplir quatre fonctions :
1. EMMENECKER, A-P et RAFAL, S (2004) Coaching mode d’emploi Pour mieux atteindre vos objectifs, éditions Marabout, p 18.2. Concept issu de la PNL.
3. HEVIN, B et TURNER, J (2003) Manuel de Coaching, éditions Dunod, p 136.
1.4 Le silence
Dans nos sociétés occidentales, le silence dans l’interaction est souvent vécu comme une gène et engendre le malaise. Le temps mort, le blanc, met l’individu face à lui-même dans son identité nue, et ouvre la porte de l’émotion et d’une intimité autant recherchée (pour l’Analyse Transactionnelle, L’« Intimité » 1 est la relation la plus riche en strokes) que redoutée. Le verbe permet la mise à distance de soi dans l’élaboration d’un discours socialement acceptable. C’est un média qui permet aux individus de se comprendre. Avec la disparition du verbe, c’est le filet de sécurité ontologique qui disparaît.
De fait, le silence est un outil précieux pour le coach, qui doit en avoir la maîtrise. Accorder le silence, c’est avant tout offrir du temps à la personne pour qu’elle se « reconnecte » à elle-même, à ses émotions, à son rythme propre. Il s’agit de créer un espace de sécurité et de liberté dans l’ici et maintenant afin de susciter le discours et la réflexion. Le silence, c’est aussi la profondeur du discours. Le coach fera silence notamment sur les questions de fond, lorsqu’il percevra que la personne ne fait pas preuve de congruence ou peut aller plus loin dans l’exploration de sa vérité. Le silence pourra être tour à tour interrogatif, étonné… Mais si l’utilisation du silence peut être riche (et notamment permettre la prise de conscience), elle peut s’avérer aussi dangereuse. Un usage systématique deviendrait intrusif, rompant l’équilibre de la relation et faisant apparaître des résistances chez le coaché. Aussi, un silence prolongé pourrait emmener la personne dans l’exploration d’une fausse piste, validée par une interprétation trop rapide du coach. Celui-ci devra veiller à ne pas se servir de cet outil pour être en « pouvoir sur » le coaché.
1. DE LASSUS, R (2004) L’Analyse Transactionnelle, éditions Marabout, p 100.
1.5 Le questionnement (sous l’angle de la relation)
Poser des questions manifeste l’intérêt, mais peut également être considéré par le sujet comme une intrusion, en cela que ça appelle inéluctablement une réponse. De là, il me semble bon de ne pas multiplier les questions à l’excès et de diversifier les moyens de susciter le discours (nous avons parlé de l’écoute, du silence, du regard, nous aborderons ensuite plus spécifiquement le langage émotionnel). De plus, un coach qui serait trop dans le questionnement ne laisserait pas suffisamment d’ouverture à son client.
Les questions devront donc être choisies en fonction de leur pertinence, vis-à-vis :
2. Une relation d’influence
Ainsi, le coaching est avant tout une relation d’influence. Il s’agit d’amener la personne d’un état présent à un état désiré. Pour cela, le coach va s’appuyer sur les ressources de la personne – car motiver est plus efficient que convaincre – et s’assurer en permanence de son consentement ; sans quoi le coaché risque de se sentir agressé, renié dans son identité, et d’opposer la force de ses résistances.
3. Une relation dans l’ici et maintenant
Le coach va veiller à créer les conditions d’un cadre confortable et sécurisant pour son client. La relation ne doit être perturbée par aucun élément extérieur. Enfin, coach et coaché ne doivent pas être pris par le temps.
3.1 Ni passé ni futur
Le présent est le véritable temps du coaching. Tout va se jouer dans l’ici et maintenant de la relation.
Du point de vue du coach :
Il ne sait jamais à l’avance ce qui va se passer, ce que va amener son client. Il doit ne pas anticiper – pour ne pas induire – et être capable de s’adapter dans l’instant, faisant alors appel à la méthode la plus pertinente, ou à son intuition.
Du point de vue du coaché :
L’époque dans laquelle nous vivons nous incite d’avantage à regarder vers le passé (tirer profit de notre expérience) et l’avenir (aller de l’avant, construire le futur) qu’à profiter et tirer parti du présent pour lui-même. En se recentrant sur l’ici et maintenant, le coaché va pouvoir porter attention à ses pensées, ressentis et comportements, prendre conscience de ce qui l’anime, et de son fonctionnement.
3.2 Relation, émotion et changement
L’émotion est le parent pauvre de nos sociétés modernes. Il faut penser, réfléchir, comprendre, argumenter, expliquer, mais rarement ressentir. Exprimer ses émotions est souvent considéré comme un aveu de faiblesse. Alors que c’est la porte d’entrée à une meilleure connaissance de soi et reconnaissance de l’autre.
Ce que nous avons appris – qui constitue notre identité –, nous le devons en bonne part aux émotions qui ont accompagné cet apprentissage. Comme nous l’avons vu, c’est dans l’interaction que les êtres humains se construisent. Parce qu’elle est le véhicule d’émotions, la relation peut à elle seule suffire à créer le changement. Le coach va s’en servir dans sa stratégie d’influence.
3.2.1 Le changement confortable
« Tout changement doit d’abord passer par une reconstruction de la réalité » 1. Le coach va amener son client à adopter un nouveau regard sur lui-même et sur le monde. Un regard plus efficient, qui va permettre une meilleure adaptation. Pour cela, il va s’appuyer sur les ressources et le potentiel du sujet, l’aider à en prendre conscience, et par là l’encourager. Il va valoriser les compétences acquises, mettre en lumière les talents cachés derrière les défauts et faiblesses de la personne, trouver l’intention positive permettant de débloquer la situation et de mettre en place des comportements conformes à l’objectif souhaité. Il va procéder par recadrage – tenant compte des représentations du coaché – et entrer dans la dimension émotionnelle de son client. Car « le langage affectif est généralement plus dynamisant que le langage de la raison » 2. Par l’étonnement et l’humour, le coach va favoriser la créativité et susciter la prise de conscience. Par la visualisation, la dissociation, la démarche du « comme si », il va libérer l’optimisme. Dans ce processus, le coach veillera à respecter l’équilibre et l’écologie de son client ( ne pas mettre en péril ce qu’il veut conserver dans la situation présente, modifier ses croyances plutôt que les détruire, ouvrir le champ des possibilités).
1. KOURILSKY, F (2004) Du Désir au Plaisir de Changer, éditions Dunod, p 32.
2. Idem, p 143.
3.2.2 Le changement inconfortable
L’inconfort est souvent aussi nécessaire dans le processus de changement. Pour Bernard Hévin, « il faut savoir « retirer la planche » pour que le client coule et puisse redémarrer dans une nouvelle direction » (conférence du 3 juillet 2006).
Les intervention visées ont pour objectif :
CONCLUSION
Comme nous l’avons vu, la pertinence du processus d’accompagnement dépend avant tout du savoir être du coach et de la qualité de la relation instaurée. Le but ultime du coaching étant le changement, il convient de se demander de quel changement il s’agit. Ponctuel ou structurel ? Quantitatif ou qualitatif ? L’objectif, une fois atteint, représente-t-il l’aboutissement du changement ou son début ?
Le coaching centré sur la personne ayant pour vocation d’aider l’individu à satisfaire ses besoins et à se reconnaître dans son identité, il semble que le changement aille bien au-delà de l’objectif à atteindre. Rappelons que le coaching va amener la personne à penser différemment, et donc à agir différemment. L’objectif va lui permettre de se projeter dans l’avenir, tout en restant connectée au présent de ses désirs et besoins.Elle va ainsi donner un sens nouveau à sa vie, devenir son propre entrepreneur, et par là gagner en estime de soi. Les autres, en retour, lui porteront un autre regard, qui lui-même appuiera le changement. Celui-ci étant un processus inconscient – il se manifeste à l’insu de la personne –, il est difficile d’en avoir les preuves. Mais si le coach est parvenu à guider la personne vers la reconnaissance de son identité, il est probable que le changement soit engagé.
BIBLIOGRAPHIE
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HEVIN, B et TURNER, J (2003) Manuel de Coaching, éditions Dunod
LENHARDT, V (2006) FAQ Coaching, éditions Dunod
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LACROIX, M (2004) Le développement personnel, éditions Flammarion
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MESSINGER, J (2001) Ces gestes qui vous trahissent, First Editions
CHABROL, H et CALLAHAN, S (2004) Mécanismes de défense et coping, éditions Dunod.
Dans notre société de plus en plus ouverte sur le monde, où les valeurs économiques l’emportent peu à peu sur les valeurs idéologiques, l’Homme moderne a de plus en plus de difficultés à trouver un sens à sa vie et à construire ou maintenir son identité. Les repères traditionnels (famille, religion, appartenance à une communauté) ayant volé en éclat, l’individu se retrouve face à lui-même, contraint de s’adapter à un monde en perpétuelle évolution, et à une redéfinition de son espace-temps (mobilité géographique ; incertitude de l’avenir, conditionné par les choix du présent). Inféodé à l’individualisme triomphant, il est devenu le maillon d’un système global, ne pouvant se reconnaître qu’au travers du prisme d’un inconscient collectif dogmatique, qui exige une dissociation critique de soi : il est jugé non plus pour ce qu’il est, mais pour ce qu’il doit être. Réussir sa vie est devenu un impératif, plus quantitatif que qualitatif. Il faut donner l’image du gagnant, dans tous les domaines de la vie : sur le plan personnel, il faut sans cesse aller de l’avant, s’améliorer, dépasser ses limites pour pouvoir se réaliser ; sur le plan professionnel, gagner plus d’argent, sésame de la société de consommation et d’un bonheur lié au sentiment de sécurité ; dans le domaine social, asseoir une position conforme à des modèles valorisants ; sur le plan affectif, être le partenaire idéal, capable d’apporter des preuves d’amour et de prodiguer la meilleure éducation aux enfants ; enfin, sur le plan des relations, être à l’écoute de l’autre, savoir combler ses attentes et ses besoins.
Face à une telle pression, l’individu ne sait plus toujours très bien qui il est ni où il va. Il en vient parfois à confondre ces exigences sociales avec ses propres besoins, et perd le contact avec son identité. Si « nous nous construisons et évoluons au travers des relations que nous établissons avec les autres » 1, il est nécessaire que cette relation soit de qualité. Or, l’affaiblissement du lien social – consacré, hier, par l’avènement de la télévision et, plus récemment, par la place faite aux nouvelles technologies de l’information et de la communication – a renvoyé l’individu face à une solitude et une insécurité ontologiques.
Dans ce contexte, le coaching centré sur la personne apparaît comme une volonté de recréer du lien social et de « mettre en phase les objectifs personnels et les aspirations fondamentales de l’individu » 2. Par l’établissement d’une interaction de haute qualité, le coach va permettre à son client de se reconnaître, de l’aider à trouver du sens et des repères pour construire son identité.
1. KOURILSKY, F (2004) Du Désir au Plaisir de Changer, éditions Dunod, p 102.
2. MORAL, M et ANGEL, P (2006) Coaching Outils et pratiques, éditions Armand Colin, p 13.
I – Besoins , croyances et valeurs
Derrière la demande manifeste amenée par le client se cache souvent une demande implicite, liée à la reconnaissance de ses besoins. Le psychologue humaniste Abraham Maslow (1908-1970) fait la distinction entre deux types de besoins psychologiques 1 : les « besoins psychologiques de base » (être intégré à l’intérieur d’un groupe, être aimé, respecté et reconnu par les autres) et les « besoins de développement » (qui peuvent se traduire par une aspiration à l’accomplissement de soi et à la réalisation de son potentiel). Si « l’homme manifeste une tendance à se réaliser plus complètement dans la plénitude de sa nature » 2, il doit avant tout s’être constitué une identité stable, socialement acceptable et acceptée. Bien que nos sensations et émotions nous renseignent en permanence sur la manière dont nos besoins sont satisfaits ou non, nous avons appris qu’être fort, dans notre société, passe avant tout par la maîtrise du corps par l’esprit. Le coaching va aider la personne à accéder a ses besoins.Robert Dilts nous ouvre une autre perspective de compréhension de l’humain. Il distingue 7 « niveaux logiques de la pensée » 3, qui sont autant de niveaux où peut se situer le problème :
- La mission de vie
- L’identité
- Les croyances, valeurs
- Les attitudes, stratégies mentales
- Les capacités
- Les comportements
- L’environnement
Au niveau de l’identité :
C’est ici qu’interviennent les « besoins psychologiques de base » de l’individu. Nous avons vu la place que tient l’influence sociale dans leur (non) satisfaction.
Au niveau des croyances :
L’Analyse Transactionnelle a établi une liste de cinq « mots d’ordre » 4 – Sois parfait, Fais plaisir, Essaye plus fort, Sois fort ou Ne montre rien, Dépêche-toi –, qui conditionnent les croyances de l’individu. Ces « messages contraignants » ont été transmis par le Parent 5 (au sens propre – parent ou personne ayant joué un rôle prépondérant dans l’éducation de l’enfant –, ou plus largement social, les médias et la publicité relayant en permanence ce type de messages) à l’Enfant Adapté 6 de l’individu. Celui-ci les a intégré le plus souvent de façon inconsciente. Il s’ensuit que la personne sous l’influence d’un ou plusieurs de ces mots d’ordre va modifier ses attitudes mentales, capacités, comportements.
Au niveau des valeurs :
Bernard Hévin et Jane Turner en dénombrent six, fondamentales : « le pouvoir personnel, l'accomplissement, l'intimité, le jeu et la créativité, la recherche de sens, la compassion et la contribution » 7. Chaque individu a ses propres valeurs, que la société ne permet pas toujours d’exprimer, ou qu’il ne s’autorise pas à exprimer. De plus, les médias véhiculent un certain nombre de valeurs qui peuvent devenir prééminentes sur celles de l’individu.
Le coach va aider la personne à se séparer de ses croyances limitantes, se reconnecter à ses valeurs, et, au-delà, lui permettre d’accéder à ses besoins. Ce n’est qu’alors que l’individu pourra se reconnaître et construire son autonomie.
1. LACROIX, M (2004) Le développement personnel, éditions Flammarion, p 24.
2. MASLOW, A (2001) Vers une psychologie de l’être, éditions Fayard, p 182.
3. EMMENECKER, A-P et RAFAL, S (2004) Coaching mode d’emploi Pour mieux atteindre vos objectifs, éditions Marabout, p 70.4. DE LASSUS, R (2004) L’Analyse Transactionnelle, éditions Marabout, p 131.
5. Idem, p 24.
6. Idem , p 33.
7. HEVIN, B et TURNER, J (2003) Manuel de Coaching, éditions Dunod, p 85.
II – Vers une nouvelle interaction
« On ne peut pas ne pas influencer » nous dit Watzlavick 1. Lorsque deux personnes sont en présence l’une de l’autre, elles vont adopter une attitude qui va influer sur leur comportement. La situation dans laquelle on se retrouve face à l’autre dans un ascenseur ou une salle d’attente, en est un exemple édifiant. Toute relation – en cela qu’elle implique le déplacement de l’attention de soi vers l’autre, pour ensuite revenir à soi, nourri du bénéfice de l’échange (obtention de « strokes » 2 positifs (« caresses ») ou négatifs (« coups psychologiques »), jamais neutres) – modifie donc le comportement, et partant, le ressenti et les pensées qui lui sont associées.
C’est parce que le changement s’accomplit dans l’échange qu’il est nécessaire que celui-ci soit aussi fertile que possible. Le coach va y veiller, en adoptant une posture professionnelle adaptée.
1. WATZLAVICK, P (1980) Le langage du changement, éditions du Seuil, p 19.
2. DE LASSUS, R (2004) L’Analyse Transactionnelle, éditions Marabout, p 83.
1. La posture du coach
1.1 Humilité
En dépit de son expérience, professionnelle et personnelle, de ses connaissances et compétences, de la maîtrise d’outils divers, le coach doit sans cesse, surtout s’il est débutant, se remettre en question, accepter l’idée qu’il ne sait pas (tout), qu’il est avant tout humain et donc imparfait et faillible. Lorsqu’il rencontre son client, le coach prend le risque d’entrer dans un monde complètement inconnu. A aucun moment, il ne pourra s’appuyer sur des certitudes et devra s’abstenir de la tentation de faire entrer son client dans des catégories aussi rassurantes que limitantes, car « aucune théorie ne peut en effet échapper à l'analyse de ce que mobilise la relation entre deux êtres humains » 1. Dégagé de l’utopie de connaître son client, il peut à tout le moins chercher à le reconnaître. Comme le premier outil du coaching, c’est le coach, celui-ci va devoir être particulièrement attentif à maintenir une relation aidante. Car « la personne est toujours plus importante que les objectifs » 2.
1. MORAL, M et ANGEL, P (2006) Coaching Outils et pratiques, éditions Armand Colin, p 98.
2. Idem, p 68.
1.2 Acceptation inconditionnelle
Faire appel à un coach pour résoudre ses propres problèmes relève d’une véritable démarche, le plus souvent guidée par le fait que la personne n’a pas trouvé dans son entourage l’appui qui puisse lui permettre de changer. Elle va accepter de se placer sous l’influence d’un tiers qu’elle ne connaît pas, le temps de la relation, et de s’exposer dans son « intimité psychique ». Pour cela, le coach va devoir gagner sa confiance; en d’autres termes, l’accepter et, surtout, la reconnaître. « C'est au moment où l'on s'accepte et où l'on se sent accepté que l'on est préparé à changer». 1 En effet, lorsqu’un être humain ne se sent pas reconnu dans son identité, il va mettre en place des défenses 2. Il préfère alors se laisser mener par sa vie, plutôt que d’en tenir les rênes. Dépourvu d’objectif, l’individu peut se comporter et agir de manière à obtenir exactement l’inverse de ce qu’il souhaite.
L’acceptation inconditionnelle, ou comme le dit l’humaniste Carl Rogers, « l’attention positive inconditionnelle », suppose que le coach ait foi en son client, le respecte dans son identité, ses choix et ses valeurs. Il doit poser sur lui un regard bienveillant empreint d’humanité. Car la façon de voir l’autre, c’est le pouvoir qu’on lui donne. L’important, ce n’est pas ce que le coach va dire à son client pour qu’il se sente accepté, c’est ce qu’il pense de lui, l’état d’esprit qui sous-tend le discours (si les mots peuvent mentir, le langage du corps ne saurait trahir la pensée). Les attitudes et les sentiments du coach comptent bien plus que son orientation théorique. C’est la manière dont ses attitudes vont être perçues qui importe. La considération dont le coach va gratifier son client va permettre à celui-ci de retrouver une meilleure estime de soi : « me prendre en considération, me sentir important à mes propres yeux, mais également me sentir compétent, à la hauteur, dans le sens où je sens que je peux me débrouiller des problèmes qui se posent à moi, je saurai trouver l’idée ou la ressource qui peut m’aider. Enfin, me donner de la valeur, me sentir bien avec moi-même, m’accepter pour qui je suis » (Monique SELLES, conférence du 4 septembre 2006).
Se sentant considéré, le client va à son tour porter un regard bienveillant sur le coach, signant par là son acceptation du changement.
Vincent Lenhardt propose d’établir une « Alliance des princes » entre le « soi positif » du coach et de son client (conférence du 20 juin 2006); Françoise Kourilsky, quant à elle, suggère d’ « accéder au sixième sens », grâce auquel le coaché va pouvoir s’ouvrir totalement à lui-même et abandonner ses défenses (conférence du 3 avril 2006). La distance étant abolie, enjeux de pouvoir et dépendance vont disparaître.
1. KOURILSKY, F (2004) Du Désir au Plaisir de Changer, éditions Dunod, p 10.
2. MORAL, M et ANGEL, P (2006) Coaching Outils et pratiques, éditions Armand Colin, p 92.Les défenses du Moi : "moyens déployés par la personne afin de maintenir son propre équilibre global, seul ou en relation avec autrui"
1.3 Non jugement
Certaines études ont démontré que « la grande majorité des occidentaux passent plus de 50% de leur temps de parole à émettre des jugements, des opinions sur la vie – et surtout – sur les autres ! » 1. Le jugement, en tant que projection sur autrui des sentiments et désirs que l’on refuse de reconnaître en soi, est particulièrement délicat à éviter. Le coach, s’il veut maintenir une relation de confiance et de qualité avec son client, doit s’abstraire de tout jugement et faire preuve de congruence, c’est à dire être conscient de ce qu’il vit et ressent, dans l’instant de la relation, pour qu’aucun sentiment se rapportant à celle-ci ne soit caché à lui-même ou à l’autre. De plus, il doit être attentif à ne jamais confondre le comportement de la personne avec elle-même. Dire d’une personne qu’elle s’est mal comportée n’est pas la même chose que de dire qu’elle est « nulle », pour reprendre un terme actuel. Le coach, lui, cherchera derrière ledit comportement l’intention positive dont il est la conséquence inadaptée. Et rendra à la personne son propre jugement sur elle-même.
1. DE LASSUS, R (2003) La communication efficace par la PNL, éditions Marabout, p 63.
1.4 Compréhension empathique
Paradoxalement, le coach est le seul qui ne veut pas changer son client. Contrairement à la plupart des gens, qui – pour des motifs le plus souvent inconscients ( obéir au mot d’ordre « Fais plaisir », instaurer une dépendance ou raffermir son identité) – ont tôt fait de prodiguer des conseils (« Moi, à ta place je ferais (penserais, me sentirais) comme ça ! »), le coach n’a pas de solution clé en main à proposer. Parce que chaque individu est unique, sa construction de la réalité et son fonctionnement lui sont propres. Le coach va s’efforcer de comprendre (du latin comprehendere, « saisir avec ») la personne, ses attentes et ses besoins, dans une attitude d’empathie. Ainsi, l’affirmatif « Si j’étais à ta place… » devient l’interrogatif « Et si j’étais toi ? ». Car on ne peut comprendre l’autre en partant de son monde à soi. La compréhension empathique va permettre à la personne de devenir plus autonome, lui donner la possibilité d’être vraiment elle-même, en contact et en accord avec ses pensées, ses ressentis et ses comportements. Ainsi, ne pouvant plus avoir d’enjeu relationnel qu’avec lui-même, le coaché retrouve sa liberté ontologique, sous l’œil protecteur du coach.
1.5 La posture méta
Le coach, s’il adopte une posture empathique vis-à-vis de son client, ne doit pas moins conserver une distance, garante de la qualité de la relation. Effacer la distance reviendrait à prendre en charge, mettre sous dépendance le coaché, à qui seul revient la responsabilité du changement. La posture méta implique également que le coach garde conscience de ce qui se joue au niveau du contenu et du processus.
2. Problèmes interactionnels
Malgré ces précautions, il arrive que la relation de coaching soit perturbée par des problèmes liés au coach, ou à son client.
2.1 Problèmes liés au coach
2.1.1 Appréhension du client et acceptation de la demande
Dans les premiers instants de la rencontre, le coach, comme tout être humain, va éprouver un ressenti, positif ou négatif, envers son client. Si cette première impression est forte, le coach, surtout s’il est débutant, peut être déstabilisé, risquant de ne pas pouvoir instaurer la relation OK+ / OK+ 1 nécessaire au travail de coaching. Si son ressenti est par trop positif, il peut céder à la tentation de créer une dépendance affective ou de projeter son mode de fonctionnement sur l’autre. S’il est négatif, il peut alors « prendre peur », ne pas se sentir à la hauteur, et se positionner en OK- face à l’autre, OK+. Il peut également sentir intuitivement que quelque chose ne va pas, sans être capable de le nommer. Son client peut en effet souffrir d’une pathologie qui risque de n’apparaître que plus tard dans le processus de coaching. En ce cas, il est nécessaire que le coach, conscient des limites de son domaine de compétentes, soit capable de refuser le coaching.
De plus, le coach doit se poser la question de son désir d’accompagner le client. Car il n’est nulle motivation sans désir. Répondre à un impératif (« Il faut accepter », sous-entendu « cette commande ») ne permettra pas d’établir une relation de qualité, et donc, d’aider la personne à avancer.
Au niveau de la demande, le coach peut également être amené à refuser un contrat, et ce pour trois raisons :
- si la demande ne relève pas du coaching, ne permet pas de définir un objectif opérationnel
- si le coach n’a pas la légitimité ou la compétence pour traiter la demande
- si la demande entre en contradiction avec son éthique
Un refus doit être exprimé de façon bienveillante – pour que la personne n’ait pas le sentiment de porter la responsabilité d’un échec – ; dans tous les cas, le coach devra lui apporter une solution substitutive (l’adresser à un confrère, lui proposer une autre option), afin qu’elle ne se sente pas démunie ni abandonnée.
1. DE LASSUS, R (2004) L’Analyse Transactionnelle, éditions Marabout, p 153.
2.1.2. Pouvoir et « fausse conscience professionnelle »
La relation d’aide, surtout lorsqu’elle n’entre pas dans le cadre législatif – ce qui est le cas du coaching – peut donner cours à nombre d’abus. Le coach peut se placer en « pouvoir sur » son client, plutôt qu’en « pouvoir pour », et satisfaire ainsi ses penchants dominateurs. L’accompagnement, socialement valorisé, peut n’être que la face cachée d’un désir de redorer son ego, à travers l’étalage de sa science et de son supposé savoir. Se prendre pour un dieu omniscient ne peut être que l’apanage des gourous ! Le coach devra se conformer à une déontologie professionnelle.
A contrario, le coach peut, guidé par une « fausse conscience professionnelle », vouloir à tout prix le bien de son client. Il va alors devenir sauveteur, et entrer dans une logique quantitative (obtenir rapidement des résultats tangibles) entraînant anxiété, peur d’être inefficace ou de ne pas donner assez. De plus, il peut se réfugier dans l’application aveugle d’une technique, au détriment de la relation.
2.1.3 Désir d’étiqueter le client
La nature humaine a horreur du vide. L’individu construisant son identité dans la relation aux autres, ceux-ci jouent un rôle primordial dans sa représentation du monde. Dès lors, comprendre l’autre, pour se sentir compris en retour, est ce qui permet de gommer le sentiment de vide, que provoque l’altérité. Ne parle-t-on de l’autre comme de son semblable ? Ainsi, l’être humain, pour faire entrer le réel – dont ses cinq sens le renseignent – dans sa représentation du monde, va assimiler l’inconnu au connu. Et faire entrer – rapidement – l’autre dans des catégories préétablies, le privant de sa part de mystère et d’individualité.
Le coach, lui, sait qu’à aucun moment il ne pourra prétendre connaître son client, et lui donner une étiquette, encore moins. Les théories de la personnalité utilisées en coaching (PCM, MBTI, Ennéagramme, notamment) ne doivent pas être considérées par le coach débutant comme palliatif de cette non connaissance ; elles servent de voie privilégiée pour entrer en contact avec le coaché, et nécessitent un long apprentissage.
Ainsi, le coach, dans le processus d’accompagnement, va devoir oublier ses propres représentations – faire le vide en soi, s’ouvrir à l’altérité – pour entrer dans celles de son client. La « Figure de Bohring », autrement appelée « La jeune et la vieille », est une belle métaphore de cette impossibilité de porter deux regards différents sur une même situation et dans le même instant.
2.1.4 Projection, identification et mécanismes contre transférentiels
S’il n’a pas fait un travail suffisant sur lui-même, le coach risque de projeter sur son client ses propres problèmes ou questionnements, de même que ses émotions, désirs, besoins, et autres valeurs et croyances. Il peut aussi s’identifier au coaché, et ne plus être en mesure de l’accompagner.
Comme toute relation d’aide, le coaching suppose l’existence du transfert 1, sous forme de demande implicite (du type « Aime-moi ! » ou au contraire « Laisse-moi me venger sur toi ! »). Le transfert peut donc être positif (en ce cas, le coaché risque de se mettre sous la dépendance du coach, et sortir du processus d’autonomisation) ou négatif (il peut aussi endosser le rôle de persécuteur et saboter la démarche de coaching). Face au transfert de son client, le coach, s’il n’a pas suffisamment mis en lumière son propre fonctionnement psychique à l’aide d’un travail thérapeutique, va être appelé à répondre par des mécanismes contre transférentiels (désir d’emprise, de réparation, pulsion voyeuriste, ou encore ennui, irritation…). Pour ne pas s’y laisser prendre, le coach devra être conscient de ce qui se joue dans l’ici et maintenant de la relation, et adopter une position neutre ou distante ; ou encore pourra métacommuniquer sur son ressenti.
1. MORAL, M et ANGEL, P (2006) Coaching Outils et pratiques, éditions Armand Colin, p 96. "Le transfert est la reproduction dans le présent d'éprouvés liés à une relation passée. Ce phénomène est inconscient et consiste en la reviviscence de sentiments, de craintes, de comportements et de pensées qui ont été vécus au cours de l'enfance avec une personne importante à cette époque".
2.1.5 Limites de la thérapie
Le danger est grand, pour le coach centré sur la personne, d’entrer dans la dimension intrapsychique de son client, et donc de franchir les limites de la thérapie. La question du « pourquoi », la recherche des causes dans le passé, devra être soigneusement évitée (d’autant que comprendre ne permet pas forcément de changer). Elle peut tout au plus permettre au coach d’appréhender la manière dont le coaché a construit son problème.
Il ne faut jamais perdre de vue que :
- la finalité réside dans objectif futur à atteindre
- c’est le travail dans l’interaction qui va permettre le changement
2.2 Problèmes liés au client
2.2.1 Non demande et demande irréaliste
Le coaching présuppose toujours l’existence d’une demande, fût-elle floue ou informulée. Parfois le client n’a pas de demande (sa démarche peut alors servir d’alibi pour ne pas changer) ou celle-ci peut être inexploitable car :
- contrainte (ce n’est pas lui qui en est à l’origine)
- déresponsabilisante (la personne reporte la demande sur un tiers absent, responsable de son problème)
- contradictoire (« Aidez-moi à ne pas changer ! »)
- manipulatoire ( instrumentalisation du coach, jeux de pouvoir et d’influence)
- hors du domaine du coaching (ne permettant pas de définir un objectif)
Concernant la demande irréaliste, il me semble intéressant de faire une digression à propos de la quête du bonheur, valeur montante de nos sociétés modernes, qui peut être comparée, métaphoriquement, à celle d’un nouveau Graal, spirituel. « En nous efforçant d’atteindre l’inaccessible, nous rendons impossible ce qui serait réalisable » nous dit Watzlavick 2. Or, que faire lorsque le client arrive avec pour demande « Je veux être (plus) heureux » ? Car, qu’est-ce que le bonheur ? Est-ce quantifiable ? Mesurable ? Une récente étude américaine 3 a apporté une réponse à cette question : le bonheur, c’est d’avoir plus (de biens, de santé, une meilleure profession, etc.) que son voisin. Ainsi, qu’il soit état de plénitude ou effet de comparaison, il ne saurait permettre de définir un objectif 4.
1. HEVIN, B et TURNER, J (2003) Manuel de Coaching, éditions Dunod, p 34.
2. KOURILSKY, F (2004) Du Désir au Plaisir de Changer, éditions Dunod, p 30.
3. Parue dans « Le Monde » en 2005.
4. Dans le second cas, ce ne peut être qu’un objectif de moyen.
2.2.2 La peur du changement
Aller d’une situation problématique vers une situation désirée suppose d’avoir défini un objectif, uniquement pour soi, et pris la décision de se lancer dans l’action, c’est à dire le changement. Mais quel changement ? Celui de nos représentations (croyances), de nos repères (valeurs), de nos habitudes (comportements). Autrement dit, de notre identité. Cela implique de sortir de sa « zone de confort » pour aller vers un inconnu dont rien ne garantit qu’il soit meilleur. La question qui se pose alors n’est pas tant celle du « pourquoi » que du « pour quoi ». Le changement attire autant qu’il fait peur ; la nature humaine y pousse l’individu autant qu’il y résiste. Besoin de découverte et de confort s’affrontent en frères ennemis. « Plus de recherche identitaire, c’est moins de sécurité » nous rappelle Bernard Hévin (conférence du 3 juillet 2006). Il faut accepter d’abandonner au passé ce qui n’est plus utile au présent, d’être déstabilisé pour pouvoir aller de l’avant, de rompre un équilibre durement acquis.
Ainsi, s’engager dans le changement est un acte de courage et de volonté. Comme le coaching n’est pas de la thérapie ( il n’a pas pour objet de guérir les personnes en souffrance), on peut se demander
ce qui peut pousser la personne à un tel acte. Sans doute est-ce le fait que les bénéfices secondaires liés à la situation vécue par la personne ne parviennent pas à suppléer à l’insatisfaction de ses propres besoins.
Malgré cela, le coaché, bien souvent, va essayer de faire l’économie du changement, ou tout au moins lui opposer des résistances : d’ordre comportemental (arriver systématiquement en retard, ivre, ne pas vouloir payer) ou psychique (refus du processus : position basse stratégique (faire semblant de coopérer), évitement des questions difficiles, réponses à côté) 1.
Dans ce cas, le coach devra se demander si son client veut vraiment changer, métacommuniquer – demander « Que puis-je faire pour vous ? » – et rétablir la sécurité de son client, dans l’ici et maintenant de la relation.
1. Le coach devra également être attentif aux défenses du moi du coaché : humour, auto observation, intellectualisation, dépréciation, déni, rationalisation (voir CHABROL, H et CALLAHAN, S (2004) Mécanismes de défense et coping, éditions Dunod).
2.2.3 Triangle de Karpman, Jeux psychologiques
a) Triangle de Karpman : victime – persécuteur – sauveteur
Selon Bernard Hévin, « 70% des personnes commencent le coaching dans la plainte » (conférence du 3 juillet 2006). Elles se posent alors en victime, incitant le coach à prendre la position de sauveteur. Si celui-ci répond positivement, le coaché peut à son tour devenir persécuteur.
b) Jeux psychologiques et comportements
Eric Berne, fondateur de l’Analyse Transactionnelle, a dressé la liste d’un certain nombre de « Jeux psychologiques » 1 permettant à la personne qui s’y livre d’endosser le rôle de Victime, Persécuteur ou Sauveteur. Certains d’entre eux peuvent être exploités par le client dans la relation de coaching : « C’est affreux », « Les défauts », « Oui, mais », « L’imbécile » ou « La jambe de bois », par exemple.
L’enjeu du coaching étant dans la qualité interactionnelle, il est nécessaire que le coach conserve sa posture méta et s’abstienne de rentrer dans un Jeu psychologique avec son client.
1. Cités dans : BERNE, E (2005) Des jeux et des hommes, éditions Stock.
III – Le changement dans l’interaction
1. Le savoir être du coach dans la relation
1.1 La synchronisation
La synchronisation est un « mécanisme naturel que tout être humain met en œuvre inconsciemment lorsqu’il éprouve dans sa relation avec l’autre suffisamment de confiance et d’estime » 1. Il va ainsi s’accorder sur le rythme, la voix, la posture et la gestuelle de son interlocuteur, par un phénomène de mimétisme.
Lors du premier entretien, coach et coaché sont étrangers l’un à l’autre. L’altérité peut être vécue comme une menace ; l’inconnu, comme un danger. Pour Nicholas Boothmann, « Tout se joue en moins de deux minutes » 2. C’est dire l’importance de poser tout de suite les bases d’une confiance propre à créer les conditions d’une relation féconde. La synchronisation va permettre au coach de se rendre proche de son client, lui donner l’impression de l’accepter et de le reconnaître.
A la synchronisation non verbale décrite ci-dessus, le coach va apporter une autre dimension, celle du langage. Il va – rapidement – chercher à connaître le système préférentiel de son client 3 (Visuel, Auditif, Kinesthésique), en repérant les prédicats de son discours. Si le coaché utilise plus fréquemment des verbes, noms, adjectifs comme :
- voir, observer, imaginer ; conception, aspect, point de vue ; clair, flou, vague ; il adopte le canal Visuel
- entendre, s’accorder, résonner ; bruit, son, déclic ; criant, dissonant, harmonieux ; il adopte le canal Auditif
- sentir, ressentir, peser ; obstacle, pression, poids ; chaleureux, confortable, blessant ; il adopte le canal Kinesthésique
A mon sens, la synchronisation, verbale comme non verbale, si elle est nécessaire, n’est pas suffisante pour établir le lien. Le coach va également devoir se synchroniser sur la dimension émotionnelle du coaché : calibrer ses micro-comportements et manifestations physiques (rougissement, changement de rythme interne, etc.) qui, tous, révèlent que quelque chose est en train de se passer dans son esprit.
Rappelons que certaines études ont démontré que l’accompagnement gestuel représente 55% de la communication d’un individu. Joseph Messinger, psychologue et spécialiste de la symbolique gestuelle, a tenté de décrypter le langage du corps. Ainsi, pour lui, « l’action de croiser les doigts, les jambes, les bras traduit un besoin de se protéger contre ses angoisses ou celles des autres » 4. Le coach, s’il est sensible à ce type d’argument, devra néanmoins veiller à ne pas tirer de conclusions trop rapides, à établir des liens entre telle attitude gestuelle et telle émotion exprimée, et surtout métacommuniquer sur ce qui ne peut être qu’une hypothèse.
Ce type de synchronisation va permettre à la personne de se sentir reconnue sur le plan émotionnel. Le coach va pouvoir se servir des émotions ressenties par son client pour le guider dans sa recherche, mais en aucun cas il ne doit se laisser submerger par elles. L’empathie suppose toujours le maintien d’une distance.
1. KOURILSKY, F (2004) Du Désir au Plaisir de Changer, éditions Dunod, p 114.
2. BOOTHMANN, N (2005) Tout se joue en moins de deux minutes, éditions Marabout.
3. Concept issu de la PNL.
4. MESSINGER, J (2001) Ces gestes qui vous trahissent, First Editions, p 103.
1.2 Le regard et la voix
Regarder l’autre, c’est entrer en contact avec lui, le faire exister à ses yeux 1 , lui donner sa place. Le coach va devoir maintenir le regard dans la relation pour assurer la sécurité de son client (sous-entendu « Je suis avec vous, vous pouvez vous laisser aller à être vous-même »). Néanmoins, un regard qui serait trop appuyé pourrait sembler inquisiteur et déstabiliser la personne se sentant mise à nue. Le coach devrait alors détourner les yeux, faisant mine de réfléchir, par exemple.
Regarder, c’est aussi communiquer. Un regard peut remplir différents offices : amener l’autre à s’exprimer et à approfondir sa pensée, lui faire part de son écoute et de sa considération, valider la compréhension du message, manifester de l’étonnement ou de l’amusement. Il me semble intéressant de privilégier à certains moments le regard au discours, car il renforce la connivence (« On n’a pas besoin de se parler pour se comprendre ») et agit au niveau émotionnel, créant ainsi les conditions d’un changement plus aisé.
La voix, elle aussi, va être une porte d’entrée à l’émotion. Le coaching est un art de l’influence dont un des ressorts est de permettre à la personne d’accéder à ses ressources et de répondre à ses questionnements. La voix va contribuer à créer un climat apaisant, éveiller l’attention du coaché, libérer sa créativité et favoriser son affirmation de soi. Le coach doit avoir conscience du processus émotionnel qu’il crée et en garder le contrôle.
1. A ceux de celui qui regarde et de celui qui est regardé.
1.3 L’écoute
« L’ouie est un sens, alors que l’écoute est un art » 1. Dans la vie, bien souvent, on n’écoute l’autre que pour pouvoir exprimer ses idées et opinions en retour.
Pour le coach, l’écoute va remplir quatre fonctions :
- donner au coaché le sentiment que ce qu’il a à dire est important et intéressant
- l’inviter à prendre davantage conscience de ce qu’il dit
- découvrir la « Carte du Monde » 2 et le mode de fonctionnement de son client
- appréhender le problème et la manière dont il a été construit.
1. EMMENECKER, A-P et RAFAL, S (2004) Coaching mode d’emploi Pour mieux atteindre vos objectifs, éditions Marabout, p 18.2. Concept issu de la PNL.
3. HEVIN, B et TURNER, J (2003) Manuel de Coaching, éditions Dunod, p 136.
1.4 Le silence
Dans nos sociétés occidentales, le silence dans l’interaction est souvent vécu comme une gène et engendre le malaise. Le temps mort, le blanc, met l’individu face à lui-même dans son identité nue, et ouvre la porte de l’émotion et d’une intimité autant recherchée (pour l’Analyse Transactionnelle, L’« Intimité » 1 est la relation la plus riche en strokes) que redoutée. Le verbe permet la mise à distance de soi dans l’élaboration d’un discours socialement acceptable. C’est un média qui permet aux individus de se comprendre. Avec la disparition du verbe, c’est le filet de sécurité ontologique qui disparaît.
De fait, le silence est un outil précieux pour le coach, qui doit en avoir la maîtrise. Accorder le silence, c’est avant tout offrir du temps à la personne pour qu’elle se « reconnecte » à elle-même, à ses émotions, à son rythme propre. Il s’agit de créer un espace de sécurité et de liberté dans l’ici et maintenant afin de susciter le discours et la réflexion. Le silence, c’est aussi la profondeur du discours. Le coach fera silence notamment sur les questions de fond, lorsqu’il percevra que la personne ne fait pas preuve de congruence ou peut aller plus loin dans l’exploration de sa vérité. Le silence pourra être tour à tour interrogatif, étonné… Mais si l’utilisation du silence peut être riche (et notamment permettre la prise de conscience), elle peut s’avérer aussi dangereuse. Un usage systématique deviendrait intrusif, rompant l’équilibre de la relation et faisant apparaître des résistances chez le coaché. Aussi, un silence prolongé pourrait emmener la personne dans l’exploration d’une fausse piste, validée par une interprétation trop rapide du coach. Celui-ci devra veiller à ne pas se servir de cet outil pour être en « pouvoir sur » le coaché.
1. DE LASSUS, R (2004) L’Analyse Transactionnelle, éditions Marabout, p 100.
1.5 Le questionnement (sous l’angle de la relation)
Poser des questions manifeste l’intérêt, mais peut également être considéré par le sujet comme une intrusion, en cela que ça appelle inéluctablement une réponse. De là, il me semble bon de ne pas multiplier les questions à l’excès et de diversifier les moyens de susciter le discours (nous avons parlé de l’écoute, du silence, du regard, nous aborderons ensuite plus spécifiquement le langage émotionnel). De plus, un coach qui serait trop dans le questionnement ne laisserait pas suffisamment d’ouverture à son client.
Les questions devront donc être choisies en fonction de leur pertinence, vis-à-vis :
- du processus de coaching (quel type de réponse va-t-elle amener et dans quel but ?)
- du coaché (prise en compte de sa Carte du Monde et de son mode de fonctionnement, sans quoi il risque de passer à côté de la question).
2. Une relation d’influence
Ainsi, le coaching est avant tout une relation d’influence. Il s’agit d’amener la personne d’un état présent à un état désiré. Pour cela, le coach va s’appuyer sur les ressources de la personne – car motiver est plus efficient que convaincre – et s’assurer en permanence de son consentement ; sans quoi le coaché risque de se sentir agressé, renié dans son identité, et d’opposer la force de ses résistances.
3. Une relation dans l’ici et maintenant
Le coach va veiller à créer les conditions d’un cadre confortable et sécurisant pour son client. La relation ne doit être perturbée par aucun élément extérieur. Enfin, coach et coaché ne doivent pas être pris par le temps.
3.1 Ni passé ni futur
Le présent est le véritable temps du coaching. Tout va se jouer dans l’ici et maintenant de la relation.
Du point de vue du coach :
Il ne sait jamais à l’avance ce qui va se passer, ce que va amener son client. Il doit ne pas anticiper – pour ne pas induire – et être capable de s’adapter dans l’instant, faisant alors appel à la méthode la plus pertinente, ou à son intuition.
Du point de vue du coaché :
L’époque dans laquelle nous vivons nous incite d’avantage à regarder vers le passé (tirer profit de notre expérience) et l’avenir (aller de l’avant, construire le futur) qu’à profiter et tirer parti du présent pour lui-même. En se recentrant sur l’ici et maintenant, le coaché va pouvoir porter attention à ses pensées, ressentis et comportements, prendre conscience de ce qui l’anime, et de son fonctionnement.
3.2 Relation, émotion et changement
L’émotion est le parent pauvre de nos sociétés modernes. Il faut penser, réfléchir, comprendre, argumenter, expliquer, mais rarement ressentir. Exprimer ses émotions est souvent considéré comme un aveu de faiblesse. Alors que c’est la porte d’entrée à une meilleure connaissance de soi et reconnaissance de l’autre.
Ce que nous avons appris – qui constitue notre identité –, nous le devons en bonne part aux émotions qui ont accompagné cet apprentissage. Comme nous l’avons vu, c’est dans l’interaction que les êtres humains se construisent. Parce qu’elle est le véhicule d’émotions, la relation peut à elle seule suffire à créer le changement. Le coach va s’en servir dans sa stratégie d’influence.
3.2.1 Le changement confortable
« Tout changement doit d’abord passer par une reconstruction de la réalité » 1. Le coach va amener son client à adopter un nouveau regard sur lui-même et sur le monde. Un regard plus efficient, qui va permettre une meilleure adaptation. Pour cela, il va s’appuyer sur les ressources et le potentiel du sujet, l’aider à en prendre conscience, et par là l’encourager. Il va valoriser les compétences acquises, mettre en lumière les talents cachés derrière les défauts et faiblesses de la personne, trouver l’intention positive permettant de débloquer la situation et de mettre en place des comportements conformes à l’objectif souhaité. Il va procéder par recadrage – tenant compte des représentations du coaché – et entrer dans la dimension émotionnelle de son client. Car « le langage affectif est généralement plus dynamisant que le langage de la raison » 2. Par l’étonnement et l’humour, le coach va favoriser la créativité et susciter la prise de conscience. Par la visualisation, la dissociation, la démarche du « comme si », il va libérer l’optimisme. Dans ce processus, le coach veillera à respecter l’équilibre et l’écologie de son client ( ne pas mettre en péril ce qu’il veut conserver dans la situation présente, modifier ses croyances plutôt que les détruire, ouvrir le champ des possibilités).
1. KOURILSKY, F (2004) Du Désir au Plaisir de Changer, éditions Dunod, p 32.
2. Idem, p 143.
3.2.2 Le changement inconfortable
L’inconfort est souvent aussi nécessaire dans le processus de changement. Pour Bernard Hévin, « il faut savoir « retirer la planche » pour que le client coule et puisse redémarrer dans une nouvelle direction » (conférence du 3 juillet 2006).
Les intervention visées ont pour objectif :
- de confronter le coaché avec la réalité (désirs irréalistes, pensées invalidantes)
- de l’aider à prendre conscience de ses attitudes et comportements dysfonctionnels
- de l’amener à envisager le pire s’il s’évertue dans une voie
- de permettre le lâcher prise (lorsque la personne cherche à tout contrôler par l’intellect)
CONCLUSION
Comme nous l’avons vu, la pertinence du processus d’accompagnement dépend avant tout du savoir être du coach et de la qualité de la relation instaurée. Le but ultime du coaching étant le changement, il convient de se demander de quel changement il s’agit. Ponctuel ou structurel ? Quantitatif ou qualitatif ? L’objectif, une fois atteint, représente-t-il l’aboutissement du changement ou son début ?
Le coaching centré sur la personne ayant pour vocation d’aider l’individu à satisfaire ses besoins et à se reconnaître dans son identité, il semble que le changement aille bien au-delà de l’objectif à atteindre. Rappelons que le coaching va amener la personne à penser différemment, et donc à agir différemment. L’objectif va lui permettre de se projeter dans l’avenir, tout en restant connectée au présent de ses désirs et besoins.Elle va ainsi donner un sens nouveau à sa vie, devenir son propre entrepreneur, et par là gagner en estime de soi. Les autres, en retour, lui porteront un autre regard, qui lui-même appuiera le changement. Celui-ci étant un processus inconscient – il se manifeste à l’insu de la personne –, il est difficile d’en avoir les preuves. Mais si le coach est parvenu à guider la personne vers la reconnaissance de son identité, il est probable que le changement soit engagé.
BIBLIOGRAPHIE
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CHABROL, H et CALLAHAN, S (2004) Mécanismes de défense et coping, éditions Dunod.
Leçons de vie (Texte)
Des nombreuses expériences qui jalonnent la vie, la découverte de soi en reste la principale. Que fait-on pour se découvrir ? Du début à la fin, nous rencontrons des difficultés. La différence entre les individus vient moins de ces difficultés que de la capacité qu’ils ont à les « écouter », à apprendre d’elles, ce qui suppose :
La leçon de l’authenticité
Certains trouvent le sens de leur existence à travers l’étude, la recherche, l’art, d’autres le trouvent à l’occasion d’épreuves douloureuses. Ceux-là, confrontés à la douleur, la mort, ont dû réfléchir à ce qu’ils souhaitaient faire du reste de leur existence. Ils ont alors lâché prise, et leur vision de l’existence, des choses, des gens et des événements en a été changée. La question est : faut-il attendre pour « lâcher prise » ?
La vie nous propose des leçons. La difficulté consiste à les découvrir. Les découvrir, c’est en quelque sorte atteindre la maturité : ce n’est pas chercher à être parfait, c’est mieux comprendre le monde et être en paix avec soi-même (et donc avec les autres). Personne ne vous dira quels enseignements vous concernent : c’est à vous de les découvrir. Seul le temps que vous y passerez aura de l’importance. Posez-vous une question : en avez-vous envie ?
Les patients en phase terminale ont cessé de croire que le bonheur est « à l’extérieur », ou « demain », ou « ailleurs ». Faut-il absolument attendre des circonstances extrêmes pour découvrir des vérités ordinaires ? Malheureusement, nous nous en « empêchons » (inconsciemment le plus souvent), car nous sommes enfouis sous un fatras de rôles de composition que nous jouons : bon fils, époux, bonne professionnelle… Il est extraordinaire de constater à quel point nous vivons en fonction de ce que nous devrions faire, plutôt qu’en fonction de ce que nous aimerions faire. Beaucoup ne s’en aperçoivent qu’au terme de leur vie.
Nous ne devons pas trop critiquer ces rôles, car leur fonction est de nous protéger : nous protéger contre nos peurs et nos angoisses profondes, la première d’entre elle étant la peur de l’intimité, avec soi ou avec les autres.
Les relations humaines entraînent inévitablement des conflits et des déceptions. Si vous vous sentez obligé de résoudre le moindre problème, vous le paierez très cher, car la tâche est impossible. Vous pouvez en revanche prendre conscience des « rôles » que vous jouez, et vous apercevoir :
La leçon de l’amour
Comment faire pour s’aimer soi-même ? C’est sans doute le défi le plus difficile à relever. Rares sont ceux qui l’ont appris dans leur enfance. On nous inculque très tôt que l’amour de soi est mauvaise chose, preuve d’égotisme et d’égocentrisme. Très tôt, l’amour de soi est affublé de toutes sortes de jugements qui le disqualifient à jamais dans l’esprit du jeune enfant. Nous en arrivons à croire qu’il consiste à rencontrer l’être idéal. Et quand nous croyons le rencontrer, nous lui faisons porter le poids de toutes nos attentes au lieu de le laisser être ce qu’il est. Beaucoup de couples se déchirent sur ce « malentendu » de départ : je t’aime pour ce que tu combles chez moi, et non pour ce que tu es ; si tu ne combles plus mes attentes, je ne peux plus t’aimer. Bref, l’autre n’existe pas pour lui, mais pour moi.
La leçon de la relation à l’autre
Nous souhaitons que l’autre « répare » notre vie, qu’il nous apporte ce dont nous manquons : courage, sérénité, joie, … S’il ne nous l’apporte pas – çad, en fait, si nous manquons de courage, si nous sommes anxieux, si nous sommes tristes –, nous lui en faisons le reproche. Nous allons chercher chez l’autre ce qui ne s’y trouve pas : le comblement de nos manques. Nous faisons porter à l’autre une responsabilité qui non seulement n’est pas la sienne – il a déjà bien assez à faire avec lui-même –, mais qu’en plus il ne pourra pas assumer, car la solution n’est pas chez lui. Trouver l’homme ou la femme « de votre vie » ne résoudra pas vos problèmes, vos manques, vos attentes, vos fragilités. Au lieu de chercher quelqu’un à aimer, mieux vaut s’efforcer de se rendre digne d’être aimé.
Il est tout à fait normal de vouloir avoir quelqu’un dans sa vie, mais il y a une différence entre le désir de trouver l’amour et celui de trouver quelqu’un qui comble ses propres manques. Prendre conscience de cet écart est nécessaire pour sortir des relations fusionnelles où ni l’un ni l’autre n’existe pour ce qu’ils sont. Il est inutile d’attendre que les choses viennent de l’extérieur, car vous êtes déjà « complet ».
On commet en fait toujours à peu près toujours le même type d’erreurs :
Beaucoup de gens préfèrent se débarrasser de leur partenaire plutôt que de s’interroger sur ce qu’ils sont. L’inverse est aussi vrai : parfois, nous refusons de mettre un terme à une relation :
La leçon du deuil
Si l’existence est une école, le deuil constitue une grande partie du programme. Beaucoup d’entre nous refusent le sentiment de perte, car nous ne comprenons pas qu’il fait intrinsèquement partie de la vie. Vivre, c’est perdre. Un proverbe juif dit : « si tu vas à de nombreux mariages, tu pleureras à de nombreux enterrements. » Plus vous aimerez, plus vous connaîtrez de deuils.
La confrontation au sentiment de perte, sérieux ou futile, permanent ou temporaire, se décline en 5 phases psychologiques :
La leçon du pouvoir
Sur une propriété privée, nous n’hésitons pas à mettre un panneau indicateur afin de prévenir les gens qu’ils sont sur un terrain qui ne leur appartient pas. Il devrait en être de même pour nous. Il nous faut réaffirmer de temps à autre les limites de notre intégrité, en disant « non », ou « tu me blesses »… bref, tu es chez moi et je ne suis pas bien. Si nous ne le faisons pas, nous ne pouvons pas reprocher après aux autres de ne pas savoir qu’ils sont sur un terrain qui ne leur appartient pas. C’est de notre responsabilité de retrouver notre pouvoir.
La prise de conscience de sa propre valeur est le début de la richesse. Quand on accompagne des mourants, beaucoup disent : « je n’ai pas fait ce que je voulais faire », ou « je regrette de ne pas m’être débarrassé de ma peur de manquer », « j’aurais aimé passer plus de temps avec mes amis ». On n’en entend aucun dire : « je regrette de ne pas avoir passé assez de temps au bureau », « j’aurais été plus heureux si j’avais gagné plus d’argent. »
Pourquoi le futur semble-t-il offrir plus de possibilités de bonheur que le présent ? C’est parce que nous nous leurrons au grand jeu du « toujours plus », de « l'herbe du voisin est toujours plus verte », et de « demain sera mieux », bref la fuite dans l’ailleurs. Cette fuite nous prive de notre pouvoir et nous condamne à une insatisfaction permanente. Si nous obtenons ce que nous voulons, au bout de quelque temps, nous sommes encore plus malheureux car, bien sûr, cela ne suffit pas à notre bonheur. Les mourants ne peuvent pas jouer au jeu du « toujours plus », car ils n’ont pas d’avenir. Alors ils découvrent le pouvoir du présent. Si vous ne savez pas apprécier ce que vous avez aujourd’hui (conjoint, maison, enfants, travail, etc.), par quel miracle intérieur serez-vous capable de le faire demain ? Vous ne le serez pas, car vous n’aurez jamais fait travailler votre « muscle de la gratitude », celui qui fait dire merci à la vie et à ses richesses, celui qui fait voir le beau, la joie et l’amour. Et vous continuerez à dire : « demain, quand mes enfants seront grands… quand mon mari / ma femme aura changé… quand nous gagnerons plus d’argent… quand… quand…, alors je pourrai être heureux. » Et ce « quand » ne vient jamais.
La leçon de la culpabilité
Nous avons été élevés pour être des « prostitués ». J’entends par là que l’enfant, symboliquement, doit se vendre pour obtenir l’affection des autres. On nous apprend à être de bons petits qui se conforment aux désirs d’autrui. On s’efforce de nous enfermer dans la dépendance, dépendance par rapport aux attentions que nous donne autrui. Le signe le plus visible est la difficulté à dire « non ». Le désir de satisfaire autrui constitue un terrain fertile pour la culpabilité. On se sent coupable d’affirmer son indépendance, son désir propre.
La leçon de la peur
La peur est une émotion indispensable pour nous prévenir d’un danger. Mais elle apparaît aussi alors qu’aucun danger ne nous menace réellement, seulement des dangers que nous imaginons, et donc que nous créons. Nos craintes sont difficiles à cerner, car elles sont disposées en couches successives. Il faut les éplucher l’une après l’autre pour atteindre la peur fondamentale qui sous-tend toutes les autres. Généralement, il s’agit de la peur de la mort, ou de peurs « annexes » à la mort. La colère en particulier est très souvent synonyme de peur.
Personne ne souhaite partir sans avoir profité de la vie. Dans ces conditions, le message est clair : nous devons nous débarrasser de nos peurs tant que nous en avons encore le temps. Nous disposons d’un vocabulaire étendu pour décrire nos émotions. Pourtant, on peut presque dire qu’elles se ramènent à 2 sentiments fondamentaux : l’amour et la peur. Tout ce qui est positif est issu de l’amour: bonheur, satisfaction, paix, joie. Tout ce qui est négatif est issu de la peur : colère, haine, angoisse, culpabilité. Et comme ces 2 sentiments s’excluent, c’est l’un ou l’autre qui constitue la ligne directrice de notre vie.
La leçon de la colère
La colère, c’est bien souvent de la peur non traitée. Il est plus facile de dire à son conjoint « je suis en colère que tu sois / fasses (ne sois pas / ne fasses pas) ceci ou cela » plutôt que de lui dire : « quand tu fais / fais pas ceci, j’ai l’impression que tu n’es pas d’accord, donc j’ai l’impression que tu ne m’aimes pas, et ça me fait peur ». Nous devons apprendre à regarder en nous-même pour découvrir les peurs sous-jacentes.
La leçon du lâcher prise
Nous voulons à tout prix maîtriser chaque situation, influer sur le cours des événements, que les choses et les gens soient comme nous le souhaitons. C’est le fantasme de la toute-puissance. Lâcher prise, c’est se débarrasser de ce désir illusoire et mortel de tout contrôler, de tout façonner à notre main : notre conjoint, nos enfants, nos amis… Ce combat est perdu d’avance, nous éloigne de l’instant présent et détruit nos relations.
C’est encore la peur qui nous pousse à vouloir tout contrôler : peur de ne pas exister (et si les autres n’avaient pas autant besoin de nous que ce que nous pensons ?), peur de l’« anarchie ». Beaucoup d’entre nous croient que le contrôle est indispensable, qu’il serait dangereux de laisser l’univers s’occuper de la bonne marche des choses. Mais le contrôle que nous exerçons est-il bien meilleur ? Qu’est-ce qui nous permet d’en être aussi sûr ?
Comment lâcher prise ? Comme dans le jeu de la corde, il suffit de laisser aller. On se libère de ses schémas de comportement. Ce qui est important à saisir, c’est que le lâcher prise n’est pas un renoncement. Le renoncement est un refus de la vie, alors que le lâcher prise est l’acceptation de la vie, des gens tels qu’ils sont (et non tels qu’on souhaiterait qu’ils soient).
Le refus de lâcher prise équivaut à dire : je ne pourrai être heureux que si les circonstances changent, si les autres changent. On croit toujours que le bonheur est pour demain. Mais s’il est possible demain, pourquoi ne l’est-il pas aujourd’hui ? l’argent ? les autres ? et qu’est-ce qui fait croire, inversement, que cela sera différent demain ?
Quelques circonstances doivent nous alerter sur la nécessité de lâcher prise :
La leçon du pardon
En refusant de pardonner, on ravive ses vieilles blessures et on nourrit son ressentiment. On devient son propre esclave. C’est soi-même que l’on punit quand on refuse de pardonner, en se complaisant dans sa haine ou sa rancœur. L’expression du pardon rencontre beaucoup d’obstacles. Le plus important d’entre eux est l’idée qu’en le faisant, on excuse l’offenseur. Faux : le pardon consiste en réalité à se libérer de sa blessure dans son propre intérêt. Celui qui a du mal à pardonner doit savoir qu’il sera la seule victime de son comportement.
Le désir de vengeance est un autre obstacle.
L’incapacité de pardonner est une prison dans laquelle on s’enferme soi-même. Mais cette prison est tellement confortable, on en connaît tellement les recoins qu’en sortir fait peur. Ca devient un saut dans l’inconnu. En pardonnant, nous récupérons le pouvoir de vivre et de grandir au-delà de l’offense. Nous sortons volontairement du rôle si confortable de victime. Parfois il est tellement douloureux que cela en devient mission impossible.
La première étape du processus de pardon consiste à considérer à nouveau le fautif comme un être humain : il peut faire des erreurs, se montrer faible, lâche, insensible, maladroit. En d’autres termes, il est exactement comme nous : faillible, imparfait, …
Le pardon ne concerne pas l’offenseur. Ne vous inquiétez pas de lui. Chacun a ses problèmes, et ceux des autres ne sont pas notre affaire.
La leçon du bonheur
Certains considèrent le bonheur comme une réaction à un événement : une naissance, une fête, une promotion… Mais c’est en réalité un état d’esprit qui n’a que peu à voir avec les événements extérieurs. Il faut accepter que le bonheur est le but essentiel dans la vie. Cette idée hérisse beaucoup de gens car elle signifie pour eux indifférence et égoïsme. Elle signifie qu’ils se sentent coupables d’être heureux, quand d’autres ne le sont pas. Cela n’a tout simplement pas de sens. Il faut se défaire de ce sentiment fusionnel : les autres ne sont pas nous, nous ne sommes pas les autres ; être heureux n’enlève rien à personne, et ne pas l’être n’apporte rien à personne.
Le bonheur ne dépend pas des événements de notre vie, mais de la manière dont nous les regardons. Il peut être notre état naturel, mais à force de vouloir tout contrôler, tout modifier, tout changer, les êtres, les choses et les événements, nous nous rendons tout simplement malheureux. Nous sommes prisonniers du « quand » : quand j’aurais un (autre) travail, quand mes enfants seront grands, quand nous aurons une autre maison, quand nous aurons changé d’endroit ; quand mon mari / ma femme aura changé… Nous sommes généralement très déçus lorsque nous nous apercevons que nos espoirs étaient illusoires. Alors, nous engageons une autre série de « quand ». « Quand », c’est maintenant.
- désapprendre les modèles que l’on nous a enseigné enfant
- apprendre à voir ce qui est, et pas ce qui devrait être.
La leçon de l’authenticité
Certains trouvent le sens de leur existence à travers l’étude, la recherche, l’art, d’autres le trouvent à l’occasion d’épreuves douloureuses. Ceux-là, confrontés à la douleur, la mort, ont dû réfléchir à ce qu’ils souhaitaient faire du reste de leur existence. Ils ont alors lâché prise, et leur vision de l’existence, des choses, des gens et des événements en a été changée. La question est : faut-il attendre pour « lâcher prise » ?
La vie nous propose des leçons. La difficulté consiste à les découvrir. Les découvrir, c’est en quelque sorte atteindre la maturité : ce n’est pas chercher à être parfait, c’est mieux comprendre le monde et être en paix avec soi-même (et donc avec les autres). Personne ne vous dira quels enseignements vous concernent : c’est à vous de les découvrir. Seul le temps que vous y passerez aura de l’importance. Posez-vous une question : en avez-vous envie ?
Les patients en phase terminale ont cessé de croire que le bonheur est « à l’extérieur », ou « demain », ou « ailleurs ». Faut-il absolument attendre des circonstances extrêmes pour découvrir des vérités ordinaires ? Malheureusement, nous nous en « empêchons » (inconsciemment le plus souvent), car nous sommes enfouis sous un fatras de rôles de composition que nous jouons : bon fils, époux, bonne professionnelle… Il est extraordinaire de constater à quel point nous vivons en fonction de ce que nous devrions faire, plutôt qu’en fonction de ce que nous aimerions faire. Beaucoup ne s’en aperçoivent qu’au terme de leur vie.
Nous ne devons pas trop critiquer ces rôles, car leur fonction est de nous protéger : nous protéger contre nos peurs et nos angoisses profondes, la première d’entre elle étant la peur de l’intimité, avec soi ou avec les autres.
Les relations humaines entraînent inévitablement des conflits et des déceptions. Si vous vous sentez obligé de résoudre le moindre problème, vous le paierez très cher, car la tâche est impossible. Vous pouvez en revanche prendre conscience des « rôles » que vous jouez, et vous apercevoir :
- que ce rôle est en fait pour vous une véritable corvée
- que vous agissez ainsi par peur : peur de ne pas être comme on vous a appris qu’il fallait être
- que votre entourage vous aime aussi quand vous êtes vous-même, que vous « lâchez prise », que vous n’êtes pas « parfait »
- que les problèmes relationnels que vous rencontrez ne sont peut-être là, au fond, que pour vous amener à découvrir qui vous êtes
- qu’en vous focalisant sur les failles des autres, vous fuyez d’autant mieux les vôtres
La leçon de l’amour
Comment faire pour s’aimer soi-même ? C’est sans doute le défi le plus difficile à relever. Rares sont ceux qui l’ont appris dans leur enfance. On nous inculque très tôt que l’amour de soi est mauvaise chose, preuve d’égotisme et d’égocentrisme. Très tôt, l’amour de soi est affublé de toutes sortes de jugements qui le disqualifient à jamais dans l’esprit du jeune enfant. Nous en arrivons à croire qu’il consiste à rencontrer l’être idéal. Et quand nous croyons le rencontrer, nous lui faisons porter le poids de toutes nos attentes au lieu de le laisser être ce qu’il est. Beaucoup de couples se déchirent sur ce « malentendu » de départ : je t’aime pour ce que tu combles chez moi, et non pour ce que tu es ; si tu ne combles plus mes attentes, je ne peux plus t’aimer. Bref, l’autre n’existe pas pour lui, mais pour moi.
La leçon de la relation à l’autre
Nous souhaitons que l’autre « répare » notre vie, qu’il nous apporte ce dont nous manquons : courage, sérénité, joie, … S’il ne nous l’apporte pas – çad, en fait, si nous manquons de courage, si nous sommes anxieux, si nous sommes tristes –, nous lui en faisons le reproche. Nous allons chercher chez l’autre ce qui ne s’y trouve pas : le comblement de nos manques. Nous faisons porter à l’autre une responsabilité qui non seulement n’est pas la sienne – il a déjà bien assez à faire avec lui-même –, mais qu’en plus il ne pourra pas assumer, car la solution n’est pas chez lui. Trouver l’homme ou la femme « de votre vie » ne résoudra pas vos problèmes, vos manques, vos attentes, vos fragilités. Au lieu de chercher quelqu’un à aimer, mieux vaut s’efforcer de se rendre digne d’être aimé.
Il est tout à fait normal de vouloir avoir quelqu’un dans sa vie, mais il y a une différence entre le désir de trouver l’amour et celui de trouver quelqu’un qui comble ses propres manques. Prendre conscience de cet écart est nécessaire pour sortir des relations fusionnelles où ni l’un ni l’autre n’existe pour ce qu’ils sont. Il est inutile d’attendre que les choses viennent de l’extérieur, car vous êtes déjà « complet ».
On commet en fait toujours à peu près toujours le même type d’erreurs :
- erreur bienveillante : je crédite l’autre d’être capable de m’apporter ce que je n’ai pas, ce que je ne suis pas (çàd ce que je crois ne pas être ou avoir)
- erreur malveillante : l’autre a un problème, ce n’est pas moi.
Beaucoup de gens préfèrent se débarrasser de leur partenaire plutôt que de s’interroger sur ce qu’ils sont. L’inverse est aussi vrai : parfois, nous refusons de mettre un terme à une relation :
- nous pensons que nous pouvons changer l’autre
- nous refusons de changer nous-même
- nous pensons que tout peut s’arranger avec le temps.
La leçon du deuil
Si l’existence est une école, le deuil constitue une grande partie du programme. Beaucoup d’entre nous refusent le sentiment de perte, car nous ne comprenons pas qu’il fait intrinsèquement partie de la vie. Vivre, c’est perdre. Un proverbe juif dit : « si tu vas à de nombreux mariages, tu pleureras à de nombreux enterrements. » Plus vous aimerez, plus vous connaîtrez de deuils.
La confrontation au sentiment de perte, sérieux ou futile, permanent ou temporaire, se décline en 5 phases psychologiques :
- le refus : « à l’école, la maîtresse dit qu’il n’arrive pas à suivre. Ce n’est pas possible. C’est parce qu’on ne lui laisse pas assez de temps
- la colère : « c’est vraiment que des incapables, ces maîtresses ! Je vais changer mon enfant d’école. »
- le marchandage : « je pourrais peut-être gérer la situation si le petit était capable de suivre en classe. »
- la dépression : « c’est terrible ! comment on va faire s’il faut déménager ?! »
- l’acceptation : « nous verrons bien. Commençons par voir si on ne peut pas l’aider. »
La leçon du pouvoir
Sur une propriété privée, nous n’hésitons pas à mettre un panneau indicateur afin de prévenir les gens qu’ils sont sur un terrain qui ne leur appartient pas. Il devrait en être de même pour nous. Il nous faut réaffirmer de temps à autre les limites de notre intégrité, en disant « non », ou « tu me blesses »… bref, tu es chez moi et je ne suis pas bien. Si nous ne le faisons pas, nous ne pouvons pas reprocher après aux autres de ne pas savoir qu’ils sont sur un terrain qui ne leur appartient pas. C’est de notre responsabilité de retrouver notre pouvoir.
La prise de conscience de sa propre valeur est le début de la richesse. Quand on accompagne des mourants, beaucoup disent : « je n’ai pas fait ce que je voulais faire », ou « je regrette de ne pas m’être débarrassé de ma peur de manquer », « j’aurais aimé passer plus de temps avec mes amis ». On n’en entend aucun dire : « je regrette de ne pas avoir passé assez de temps au bureau », « j’aurais été plus heureux si j’avais gagné plus d’argent. »
Pourquoi le futur semble-t-il offrir plus de possibilités de bonheur que le présent ? C’est parce que nous nous leurrons au grand jeu du « toujours plus », de « l'herbe du voisin est toujours plus verte », et de « demain sera mieux », bref la fuite dans l’ailleurs. Cette fuite nous prive de notre pouvoir et nous condamne à une insatisfaction permanente. Si nous obtenons ce que nous voulons, au bout de quelque temps, nous sommes encore plus malheureux car, bien sûr, cela ne suffit pas à notre bonheur. Les mourants ne peuvent pas jouer au jeu du « toujours plus », car ils n’ont pas d’avenir. Alors ils découvrent le pouvoir du présent. Si vous ne savez pas apprécier ce que vous avez aujourd’hui (conjoint, maison, enfants, travail, etc.), par quel miracle intérieur serez-vous capable de le faire demain ? Vous ne le serez pas, car vous n’aurez jamais fait travailler votre « muscle de la gratitude », celui qui fait dire merci à la vie et à ses richesses, celui qui fait voir le beau, la joie et l’amour. Et vous continuerez à dire : « demain, quand mes enfants seront grands… quand mon mari / ma femme aura changé… quand nous gagnerons plus d’argent… quand… quand…, alors je pourrai être heureux. » Et ce « quand » ne vient jamais.
La leçon de la culpabilité
Nous avons été élevés pour être des « prostitués ». J’entends par là que l’enfant, symboliquement, doit se vendre pour obtenir l’affection des autres. On nous apprend à être de bons petits qui se conforment aux désirs d’autrui. On s’efforce de nous enfermer dans la dépendance, dépendance par rapport aux attentions que nous donne autrui. Le signe le plus visible est la difficulté à dire « non ». Le désir de satisfaire autrui constitue un terrain fertile pour la culpabilité. On se sent coupable d’affirmer son indépendance, son désir propre.
La leçon de la peur
La peur est une émotion indispensable pour nous prévenir d’un danger. Mais elle apparaît aussi alors qu’aucun danger ne nous menace réellement, seulement des dangers que nous imaginons, et donc que nous créons. Nos craintes sont difficiles à cerner, car elles sont disposées en couches successives. Il faut les éplucher l’une après l’autre pour atteindre la peur fondamentale qui sous-tend toutes les autres. Généralement, il s’agit de la peur de la mort, ou de peurs « annexes » à la mort. La colère en particulier est très souvent synonyme de peur.
Personne ne souhaite partir sans avoir profité de la vie. Dans ces conditions, le message est clair : nous devons nous débarrasser de nos peurs tant que nous en avons encore le temps. Nous disposons d’un vocabulaire étendu pour décrire nos émotions. Pourtant, on peut presque dire qu’elles se ramènent à 2 sentiments fondamentaux : l’amour et la peur. Tout ce qui est positif est issu de l’amour: bonheur, satisfaction, paix, joie. Tout ce qui est négatif est issu de la peur : colère, haine, angoisse, culpabilité. Et comme ces 2 sentiments s’excluent, c’est l’un ou l’autre qui constitue la ligne directrice de notre vie.
La leçon de la colère
La colère, c’est bien souvent de la peur non traitée. Il est plus facile de dire à son conjoint « je suis en colère que tu sois / fasses (ne sois pas / ne fasses pas) ceci ou cela » plutôt que de lui dire : « quand tu fais / fais pas ceci, j’ai l’impression que tu n’es pas d’accord, donc j’ai l’impression que tu ne m’aimes pas, et ça me fait peur ». Nous devons apprendre à regarder en nous-même pour découvrir les peurs sous-jacentes.
- Je suis en colère parce que tu n’étais pas là > quand tu n’es pas là, j’ai peur de me retrouver seule, j’ai peur que tu m’abandonnes
- Je suis en colère parce que tu es en retard > j’ai peur car j’ai l’impression que ton travail est plus important que moi
- Je suis en colère que tu ne cherches pas du travail plus activement > j’ai peur que nous n’ayons plus assez d’argent
- Ce que tu me dis me met en colère > j’ai peur que tu ne m’aimes plus.
La leçon du lâcher prise
Nous voulons à tout prix maîtriser chaque situation, influer sur le cours des événements, que les choses et les gens soient comme nous le souhaitons. C’est le fantasme de la toute-puissance. Lâcher prise, c’est se débarrasser de ce désir illusoire et mortel de tout contrôler, de tout façonner à notre main : notre conjoint, nos enfants, nos amis… Ce combat est perdu d’avance, nous éloigne de l’instant présent et détruit nos relations.
C’est encore la peur qui nous pousse à vouloir tout contrôler : peur de ne pas exister (et si les autres n’avaient pas autant besoin de nous que ce que nous pensons ?), peur de l’« anarchie ». Beaucoup d’entre nous croient que le contrôle est indispensable, qu’il serait dangereux de laisser l’univers s’occuper de la bonne marche des choses. Mais le contrôle que nous exerçons est-il bien meilleur ? Qu’est-ce qui nous permet d’en être aussi sûr ?
Comment lâcher prise ? Comme dans le jeu de la corde, il suffit de laisser aller. On se libère de ses schémas de comportement. Ce qui est important à saisir, c’est que le lâcher prise n’est pas un renoncement. Le renoncement est un refus de la vie, alors que le lâcher prise est l’acceptation de la vie, des gens tels qu’ils sont (et non tels qu’on souhaiterait qu’ils soient).
Le refus de lâcher prise équivaut à dire : je ne pourrai être heureux que si les circonstances changent, si les autres changent. On croit toujours que le bonheur est pour demain. Mais s’il est possible demain, pourquoi ne l’est-il pas aujourd’hui ? l’argent ? les autres ? et qu’est-ce qui fait croire, inversement, que cela sera différent demain ?
Quelques circonstances doivent nous alerter sur la nécessité de lâcher prise :
- quand nous sommes inquiets et agités
- quand on s’aperçoit que l’on cherche à contrôler les gens, les changer
- quand on veut changer ce qui ne peut pas l’être
- quand la vie ne se déroule pas comme on le prévoyait
La leçon du pardon
En refusant de pardonner, on ravive ses vieilles blessures et on nourrit son ressentiment. On devient son propre esclave. C’est soi-même que l’on punit quand on refuse de pardonner, en se complaisant dans sa haine ou sa rancœur. L’expression du pardon rencontre beaucoup d’obstacles. Le plus important d’entre eux est l’idée qu’en le faisant, on excuse l’offenseur. Faux : le pardon consiste en réalité à se libérer de sa blessure dans son propre intérêt. Celui qui a du mal à pardonner doit savoir qu’il sera la seule victime de son comportement.
Le désir de vengeance est un autre obstacle.
L’incapacité de pardonner est une prison dans laquelle on s’enferme soi-même. Mais cette prison est tellement confortable, on en connaît tellement les recoins qu’en sortir fait peur. Ca devient un saut dans l’inconnu. En pardonnant, nous récupérons le pouvoir de vivre et de grandir au-delà de l’offense. Nous sortons volontairement du rôle si confortable de victime. Parfois il est tellement douloureux que cela en devient mission impossible.
La première étape du processus de pardon consiste à considérer à nouveau le fautif comme un être humain : il peut faire des erreurs, se montrer faible, lâche, insensible, maladroit. En d’autres termes, il est exactement comme nous : faillible, imparfait, …
Le pardon ne concerne pas l’offenseur. Ne vous inquiétez pas de lui. Chacun a ses problèmes, et ceux des autres ne sont pas notre affaire.
La leçon du bonheur
Certains considèrent le bonheur comme une réaction à un événement : une naissance, une fête, une promotion… Mais c’est en réalité un état d’esprit qui n’a que peu à voir avec les événements extérieurs. Il faut accepter que le bonheur est le but essentiel dans la vie. Cette idée hérisse beaucoup de gens car elle signifie pour eux indifférence et égoïsme. Elle signifie qu’ils se sentent coupables d’être heureux, quand d’autres ne le sont pas. Cela n’a tout simplement pas de sens. Il faut se défaire de ce sentiment fusionnel : les autres ne sont pas nous, nous ne sommes pas les autres ; être heureux n’enlève rien à personne, et ne pas l’être n’apporte rien à personne.
Le bonheur ne dépend pas des événements de notre vie, mais de la manière dont nous les regardons. Il peut être notre état naturel, mais à force de vouloir tout contrôler, tout modifier, tout changer, les êtres, les choses et les événements, nous nous rendons tout simplement malheureux. Nous sommes prisonniers du « quand » : quand j’aurais un (autre) travail, quand mes enfants seront grands, quand nous aurons une autre maison, quand nous aurons changé d’endroit ; quand mon mari / ma femme aura changé… Nous sommes généralement très déçus lorsque nous nous apercevons que nos espoirs étaient illusoires. Alors, nous engageons une autre série de « quand ». « Quand », c’est maintenant.
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